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    Sur les chemins inexplorés d’après demain, j’ai semé des poèmes fugaces comme des soleils d’hiver.

    Sylvie Latrille

     

    Quant à moi, je commence ici une nouvelle traversée. Il me faut bien tourner la page, trouver d’autres chemins, découvrir des horizons lointains, étranges, étrangers, allier la fragilité du nouveau-né à la curiosité de l’explorateur.

    Je suis pleine de brume. Un sang nouveau irrigue mes pensées. Je le sens qui s’affole, se cogne, se fait mal. Il ne sait pas rester bien sage. Mon cœur en est étreint comme dans une cage. Pourtant, il n’y a pas d’échappatoire. Il me faut avancer dans le renoncement, puiser ma force à des sources  nouvelles, irriguer mes désirs à l’eau de mes entrailles, me perdre dans les tâches les plus triviales et pourtant si tristement humaines.

    Mon jardin m’accompagne comme un ami fidèle. Les jonquilles ont fleuri, hier c’était le printemps. Elles se balancent dans le vent toutes ensembles sur leurs tiges. J’ai beau tendre l’oreille, je n’entends pas leur chant. Elles chantent pourtant, je le sais, avec leurs bouches rondes,  leurs ailettes à l’écoute pénétrées de lumière.

    La clématite m’interpelle. Comme moi, elle se cherche une accroche, un point d’appui pour se hisser plus haut, ne plus être ainsi laissée à la dérive. Je voudrais tant rester encore un peu pour la guider contre la treille, lui montrer le chemin, apaiser son errance. Mais déjà la grande ombre a touché le jardin et ses doigts d’encre bleue me font comme un frisson.

    Demain est-il un autre jour ?

     


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