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    Passer par l’étroitesse des jours sombres

    Tamiser de la brume

    L’alphabet de l’errance

    Laisser filer le vide

    Lourd de mots contenus

     

    Puis goûter le printemps

    Elargi de lumière

    Cette lame ardente

    Qui abrande* les cœurs

    Cette poussière d’or

    Qui féconde les âmes 

     

     

    *Abrander  me vient de l’Occitan "abrandar" qui signifie embraser, enflammer.

     Je ne sais pas si ce mot existe en Français.

     

     


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  • Un petit coup de pub pour Mauro Basilio, quelqu'un que j'aime bien.

    Si vous le pouvez, lisez le texte en écoutant Mauro.

    Il est disponible à toute proposition de concert et d'animation

    http://www.placedumarche.it/imaginaryA/fr/main.html

     

     

                Je marche, tu marches, il marche,

    Je marcherai, tu marcheras, il a marché,

    je marche…

    Dans le silence flou de l’horizon qui naît,

    je marche…

    Sans savoir où je vais, sans savoir d’où je viens,

    je marche…

    Et ma marche se perd dans l’infini des lignes qui me portent, dans l’infini des lignes qui me créent,

    me forgent, me sculptent, me façonnent,

    je marche…

    Pas après pas, je balaie tout l’espace. Je l’ouvre, le déploie, le roule, le tord, l’efface et le défait,

    je marche…

    Gauche, droite, tangente, diagonale, devant, derrière, en haut, en bas, endroit, envers,

    dans la brisure de la courbe,

    je marche…

    Je dois régler mon pas au rythme des échos qui profilent leurs ombres,

    je marche…

     Je dois chercher le sens du souffle qui me pousse

    et me guide captif vers des errances vives dont j’ignore le nom,

    je marche…

     Je dois laisser venir le désespoir criant de mes mains qui s’affament,

    de mes bras qui s’emmêlent, s’embrouillent, s’enchevêtrent, des jambes qui me portent,

    m’emportent, me déportent, me mènent, me ramènent, me malmènent,

    je marche…

    Impossible de fuir. Il me faudrait sortir du cadre, sortir du rang,

    ne plus être fourmi au milieu des fourmis, trouver la marge,

    trouver la faille et enfin la lisière où naît la liberté,

    je marche…

    Mais le désordre me reprend, me tourne, me retourne, me roule, me bat, me balance,

    m’absorbe, m’avale, m’englue, me dépossède, me copie, me recopie à l’infini,

    à l’identique et me vomit soudain dans une foule grise

    inconnu sans visage

    Je marche…

     

     

     


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  • Soir d'orage

     Image de Didier Protin, l'internaute

     

    -      Et voilà ! J’te l’avais bien dit qu’il allait y avoir de l’orage. Maintenant, tout va tomber à l’eau. Dans cinq minutes il tombe des cordes et pas qu’un peu ! Tiens, regarde : un éclair … deux éclairs !! Faut pas rester sous l’arbre, ça craint ! Vite, ça va péter j’te dis, ça va péter ! Ah ! J’te retiens toi avec tes idées lumineuses ! T’avais dit : « Sous le grand chêne, la terre est facile à creuser » et pis v’là qu’t’as oublié la bêche !

    -      T’inquiète, j’ai gardé l’ tisonnier!

    -      Le tisonnier? Non mais, tu te foutrais pas de moi des fois ? Y m’l’avait bien dit l’Raoul : «  Fais gaffe, l’gars Lampion, l’a pas la lumière à tous les étages, et des fois, ça court-circuite ! » Et maintenant, le bouquet final ! V’là qu’ça pétarfice du tonnerre de Zeus ! Et si on le balançait dans l’arbre en lui mettant le tisonnier dans le futal ? Autant qu’y resserve après tout cet outil là! La ferraille paraît qu’ça attire les foudres. Et là, ni vu ni connu j’t’embrouille ! Le Marcel, y se fait dézinguer en moins de deux et on le retrouve éparpillé façon caramels mous aux quatre coins du bois ! Même les experts, y z’y verront qu’du feu ! Allez, fais-moi la courte échelle. Je le charge sur les épaules et je le branche. Vite, vite, v’là l’artillerie qui s’radine ! Ça va chauffer j’te dis ! Ça y est, il est en place ! L’est-y pas beau l’Marcel là-haut dans son arbre perché ? Lui qui rêvait de se mettre au vert, le vlà servi. Mais qu’est-ce que t’as bricolé ? Non mais je rêve, t’as encore disjoncté ou quoi ? Tu lui as pas mis le tisonnier dans le grimpant ?

    -      … …

    -      Waouhh ! Ben dis donc ça déménage ! C’était quoi c’te mitraille ? Ça m’a fichu un d’ ces chaud aux fesses ! Je boirais bien une bonne chope de mort subite moi, histoire de me r’donner un p’tit coup d’jus dans les fourchettes ! Bon, faut y aller là ! Faut pas s’éterniser ! Oh ! Mais dis donc ! T’en fait une drôle de tronche ! On dirait un gâteau à la broche qu’aurait mal tourné ! Et puis c’est quoi, c’t’ endroit ? On nage en plein brouillard ! C’est glauque ! Mais qu’est-ce que t’as encore fourgonné ? Et l’Marcel ? Qu’est-ce qu’y fait là ? Dis donc, l’a l’air drôlement fulmicoton ! A moins que Non, non, mais nonVous m’ faites marcher les gars ! Non, non, dites- moi que j’ rêve ! Non, mais, c’est pas possible ça ! J’ sais pas si vous êtes au courant mais moi, j’ai mis une blanquette à mijoter sur l’coin du fourneau ! On peut pas rester là ! Faut trouver un moyen de s’éjecter vite fait ! Bon Lampion, toi qu’ as toujours des idées d’enfer, t’as rien en magasin ?

    -      T’inquiètes, j’ai gardé l’tisonnier!

     

    Pour Les impromptus

     

     Texte écrit en atelier avec deux mots à choisir parmi une dizaine. J'avais choisi,

    voilà et coup de foudre


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    Ma maison est silence

     

    Ma maison est silence.

    Les parois sont de verre, le seuil est de papier.

    Les mots ne savent plus  s’y graver une accroche

    Et se brisent le front à  des puits de lumière.

     

    Ouvrir grand les fenêtres

    Et laisser fuir le verbe  dans l’océan des vents,

    Dans les veines des pierres,

    Dans les sentiers offerts des sillons des grands champs

    Dans l’ombre apaisée  des chênes solitaires.

     

    Les cailloux blancs des rêves

    Se perdent dans le fil d’un torrent de raison.

     

    Découdre point par point les fils de la raison.

    Laisser glisser d’un coup la robe de l’attente

     

    Et retrouver enfin

    Cette fragilité  de la lisière nue,

    La liberté de l’être,

    La quiétude du corps,

    Les nuages du cœur.

     


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