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Devoirs de vacances: 3ème partie
Mais je rêvais aussi. J’espérais que l’été ne finirait jamais, que Matthieu et moi nous nous marierions un jour sous le grand chêne. Nous sauterions par-dessus le mur et nous partirions faire le tour du monde comme Phileas Fogg. Nous braverions les déserts propulsés par l’air chaud de fringantes montgolfières. Nous aurions à résoudre des problèmes de fuseaux horaires et nos trains prendraient du retard parce qu’ils seraient bloqués par la neige, quelque part au milieu de la grande Sibérie.
A l’étage, maman fermait tous les volets. Elle m’appela pour l’aider à descendre les sacs et les valises. On goûta sous le tilleul. Betty toujours affamée dévorait sa tartine de confiture de myrtilles tout en commentant l’arc-en-ciel, la coccinelle sur la feuille, les nuages qui ressemblaient à de gros éléphants. Puis maman ferma les volets du rez-de-chaussée, le taxi arriva et nous dûmes partir, déserter la maison, abandonner l’été sous le grand chêne et tous nos jeux d’enfants.
Matthieu nous écrivit quelques temps. Ses parents s’étaient installés aux Antilles et il nous envoyait des cartes avec des paysages paradisiaques, des fonds sous-marins débordants de poissons exotiques, des créatures de rêves arborant de lourds colliers de fleurs. Comme il devait bien s’amuser là bas et comme il me manquait ! J’aurais tellement aimé qu’il soit encore là pour me dévoiler les mystères de cette lettre x que l’on nommait « inconnue » et qui devait passer comme par magie de la gauche à la droite du signe =.
Je m’imaginais que l’inconnue c’était moi. Je me voyais portant des chapeaux de paille à larges bords, des lunettes de soleil en forme de papillon, de grands foulards de soie. Je naviguais à bord d’un merveilleux voilier et je débarquais par hasard sur son île.
Et puis soudain, Matthieu cessa de nous écrire. Les années passèrent. Betty devint une magnifique jeune fille toujours aussi bavarde, toujours aussi heureuse de vivre, très entourée, très courtisée mais curieusement elle ne semblait pas pressée de nouer de relations durables. « J’ai bien le temps » disait-elle avec un sourire mystérieux.
Nous revîmes Matthieu pour le mariage d’une cousine qui nous avait demandé si elle pouvait utiliser notre maison de campagne pour organiser la fête. Il était parmi les invités et je le reconnus tout de suite. Il arborait toujours sa magnifique chevelure de roi lion et ses yeux brillaient du même éclat vert parsemé de paillettes.
Mon cœur tout d’abord s’écroula dans ma poitrine puis il fit un grand remue-ménage, quelque chose entre une allégresse euphorisante qui m’inonda le cerveau de bulles de lumière et la peur panique de le rejoindre qui me ligota les jambes.
à suivre ...
Tags : souvenirs d'enfance, devoirs de vacances, été, rêves
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Commentaires
bonsoir, mon Aza,
oui, fais durer le plaisir !
il est tout pour nous
ces émotions que nous avons tous connues,
il y a si longtemps...
tu les décris si bien !
je crois avoir une petite idée de la fin
(mais je ne suis pas très doué pour les énigmes)
car il y aura certainement une "chute" quelque peu surprenante...
bonne soirée
gros bisous d'amitié
jean-marie5mpollyMardi 17 Septembre 2013 à 19:27merci jean-marie, c'est vrai que j'ai peut-être laissé échapper quelques éléments de le fin mais nous verrons bien
bises
J'ai hâte de savoir la suite... j'adore ce récit !
Ta description de cette nouvelle rencontre est magnifique...
J'aime ta façon de raconter et je suis tes lignes avec grand plaisir... je ne cherche donc pas à anticiper, je me laisse bercer par les mots qui ondulent au gré des phrases... Quand à "x" il peut bien passer du côté qu'il veut du signe =, tant qu'il nous permet de nous promener si agréablement chez toi...
Bonne fin de soirée
cet x paraît pourtant tellement simple à dompter quand on a compris le truc et semble donner tellement de plaisir
je t'embrasse
Bonjour Azalaïs tu décris parfaitement cette sensation de "panique euphorique" qui part du coeur pour aller jusqu'aux jambes.... C'est sans doute une sensation que nous avons tous ressentie un jour.
Quant à la fermeture de la maison de vacances tu en parles si bien que j'y étais en même temps que toi et tes héros...
J'ai hâte de lire la suite et espère ne pas la rater...
Gros bisous à toi
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Une petite halte bien agréable dans tes lignes chère Aza... à suivre donc :-)))