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Africa Twin
Un petit coup de pub pour Mauro Basilio, quelqu'un que j'aime bien.
Si vous le pouvez, lisez le texte en écoutant Mauro.
Il est disponible à toute proposition de concert et d'animation
http://www.placedumarche.it/imaginaryA/fr/main.html
Je marche, tu marches, il marche,
Je marcherai, tu marcheras, il a marché,
je marche…
Dans le silence flou de l’horizon qui naît,
je marche…
Sans savoir où je vais, sans savoir d’où je viens,
je marche…
Et ma marche se perd dans l’infini des lignes qui me portent, dans l’infini des lignes qui me créent,
me forgent, me sculptent, me façonnent,
je marche…
Pas après pas, je balaie tout l’espace. Je l’ouvre, le déploie, le roule, le tord, l’efface et le défait,
je marche…
Gauche, droite, tangente, diagonale, devant, derrière, en haut, en bas, endroit, envers,
dans la brisure de la courbe,
je marche…
Je dois régler mon pas au rythme des échos qui profilent leurs ombres,
je marche…
Je dois chercher le sens du souffle qui me pousse
et me guide captif vers des errances vives dont j’ignore le nom,
je marche…
Je dois laisser venir le désespoir criant de mes mains qui s’affament,
de mes bras qui s’emmêlent, s’embrouillent, s’enchevêtrent, des jambes qui me portent,
m’emportent, me déportent, me mènent, me ramènent, me malmènent,
je marche…
Impossible de fuir. Il me faudrait sortir du cadre, sortir du rang,
ne plus être fourmi au milieu des fourmis, trouver la marge,
trouver la faille et enfin la lisière où naît la liberté,
je marche…
Mais le désordre me reprend, me tourne, me retourne, me roule, me bat, me balance,
m’absorbe, m’avale, m’englue, me dépossède, me copie, me recopie à l’infini,
à l’identique et me vomit soudain dans une foule grise
inconnu sans visage
Je marche…
Tags : écrire en musique
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Commentaires
bonsoir, mon Aza,
un beau texte
mais dur... comme la vie...
qui tourne parfois proche du cauchemar
la musique souligne fort bien et renfore less mots
merci
bisous d'amitié
jean-marieje n'ai pas reçu ta newsletter
je vais me réinscrireMarcher les yeux mi-clos...
Quand je marche j'écoute ...
Quand j'écoute je vois ...
Quand je vois je sens ...
Quand je sens je marche ...
joli...
à la marge de la marche,
se construira le chemin...
"Caminante, son tus huellas
el camino y nada más;
caminante, no hay camino,
se hace camino al andar."Antonio Machado
le chemin se crée en marchant c'est vrai et nos empreintes parlent pour nous, c'est un très beau poème, merci
10mpollyDimanche 26 Mai 2013 à 10:40Superbe texte, qui me parle si bien, si fort.
J'en aime la brisure des courbes et le rythme des échos qui profilent leurs ombres.
Chercher du sens, et tout est vain car le désordre le reprend...
Très juste, très embrouillé, comme tous nos faux pas qui pourtant nous font avancer vers l'ultime sans avoir vécu ce que l'on désirait vivre.
Mais ces pas de travers font aussi partie de ce que nous sommes.
Bisous Aza.
Ton texte est... je ne sais pas trouver le mot.
Mais il m'a parlé, comme m'a parlé la musique.
Être vomis parmi des inconnus... peut-être est-ce l'image qui m'a le plus frappée.
Je ne crois pas que tu puisse être dupliquée à l'infini. Mais tu es là, c'est certain, et ton propre poème franchit les frontières.
Passe une belle soirée, Aza.
(je n'ai pas reçu ta news... je me demande si tu sais que tu dois les envoyer toi-même à chaque parution.)
merci quichottine, pourtant nous sommes pour la plupart des sans visage et cette foule d'inconnus qui sont expulsés tous les jours de la gueule des métros et largués sans ménagement sur les quais. Ah c'est sûr, c'est sans doute moins rigolo que le strass et les paillettes qui font rêver les midinettes en regardant les marches du festival de cannes mais c'est pourtant la réalité.
Non, je ne savais pas que je devais envoyer les news, je pensais que l'on pouvais s'inscrire comme sur OB, je vais réfléchir à la question
bises
heureuse de te retrouver ici Polly, je ne sais pas trop comment ce texte est sorti, c'est en regardant la vidéo d'un danseur contemporain Samuel Mathieu et j'y ai vu du sens après
bises
Bonjour Azalaïs,
Je remonte aux origines. Et je découvre ce poème. Très troublant. Emouvant . Je t’accompagne dans cette marche. Elle m'a fait remonter à l'époque où j'allais à pied à mon travail. Pressée, pressée, toujours pressée. L'esprit trop vide ou bien trop plein... J'étais fourmi mais je ne le suis plus.
Merci pour ces mots qui interpellent
Bises
ps: j'ai encore plein de lectures qui m'attendent dans tes pages. Chic!
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Marcher pour rester debout et avancer toujours vers demain... Encore un texte fort !
(J'enregistre pour Mauro Basilio)