•  Le Noël du rouge-gorge

     

    en Occitan

    Lo Nadal del Barbarós

    Je n’arrive pas à savoir de qui est ce conte, peut-être de Louisa Paulin. Je l’ai traduit et aménagé un peu pour vous.

    C’était la veille de Noël. Du côté de Villefranche, un frêle rouge-gorge s’était égaré dans les sillons abrupts d’une terre fraîchement retournée, accrochée à la croupe d’un coteau. Il sautillait frileux, ses plumes ébouriffées, aussi léger qu’une brindille, essayant vainement de trouver un petit ver distrait, quelques grains oubliés par les derniers glaneurs. 


               Tout à coup, la bise se leva, une bise glaciale qui feula comme un chat ! Elle emporta l’oiseau dans un amas confus de poussières et de feuilles et alla le poser sur un poirier tout nu. Il était à peine remis de sa frayeur qu’une rafale sournoise l’emporta dans un hêtre. Là, sur une de ses branches, demeuraient quelques feuilles. Mais quand il voulut s’en approcher pour se parer du froid, l’arbre grogna : « Ne reste pas ici l’oiseau, je n’ai que cette branche qui porte encore des feuilles, tu pourrais la gâter ! »
     

     
                Ce rouge-gorge là n’était pas querelleur. Triste et las, il ouvrit avec grâce ses ailes minuscules et la bise méchante le reprit dans son errance confuse pour le jeter avec rancœur dans un vieux chêne chevelu où il pensait se reposer un peu ! Mais le chêne grogna dans son parler revêche : « Tu n’es pas d’ici, l’oiseau ! Nous ne t’avons jamais vu ! Nous ne te connaissons pas et nous n’aimons pas les étrangers ! Nous ne voulons pas de toi ! Va-t-en ! »
     

                   
                Une fois de plus, le rouge-gorge prit sa volée. Le vent le chiffonnait, lui arrachait les plumes, le ballottait, le retournait dessus-dessous, tête par dessus queue, le malmenait, toujours plus fort, toujours plus haut et l’enleva jusqu’ à la motte de Montfranc où un sapin stoppa sa course. L’oisillon s’empressa de s’arrimer à un rameau malgré ses pattes grêles, reprit son souffle, remit de l’ordre dans le désordre de son pauvre petit cœur et murmura :
     

    « S’il te plaît, arbre grand, me laisserais-tu me cacher un instant sur une de tes branches ? Le vent m’a malmené ! Je suis si fatigué, j’ai tellement froid, tellement faim aussi ! » 

    « Mais avec plaisir mon joli ! Regarde, la place ne manque pas ! Mes branches s’étalent loin et ma cime monte presque jusqu’au ciel. De plus, je reste toujours vert ! Mais j’y pense, en bas, à la fourche de la grosse branche, tu trouveras un nid abandonné. C’est la mésange qui l’a construit au printemps pour y élever sa petite famille. Maintenant, ils sont tous partis et ils ne reviendront pas d’ici la fin de l’hiver. Va t’y installer, tu y auras chaud ! 

    « Je te remercie beaucoup, arbre grand ! »

                Le lendemain matin, quand le rouge-gorge ouvrit ses yeux en bouton de bottines, tout était blanc : les champs, les arbres et même le sapin ! Il avait neigé ! Il descendit à terre et s’aperçut que les branches de l’arbre avaient protégé le sol sur une surface ronde et plane. Il trouva là de quoi se rassasier : des baies, du blé noir que le vent avait porté, quelques vers qui avaient oublié de se mettre à l’abri. Il piqua tant et tant sur ce petit bout de terre que bientôt sa gorge ressembla à une agate rouge !


                Il leva la tête, vit tout en haut une branche sans neige inondée de soleil. D’un coup d’aile, il alla s’y percher et se mit à chanter à tue-tête. Un étourneau passa. Les étourneaux ne sont pas des plus dégourdis ! Celui-ci dit au rouge-gorge :


                « Serais-tu devenu fou à chanter de la sorte ? Nous ne sommes pas au printemps, mais à Noël ! Il neige, ne vois-tu pas ? Il fait froid ! Tu n’es qu’un sot petit oiseau ! »

    « Mais non, mais non, gros étourneau ! Si tu savais comme j’étais malheureux hier ! Aujourd’hui, j’ai dormi bien à l’abri, j’ai  mangé à ma faim, il fait soleil ! Je suis heureux d’être un petit oiseau et je chante Noël, Noël, Noël ! 


               
                On raconte que ce rouge-gorge  fut la première décoration du sapin de Noël ! Pensez à lui lorsque vous y accrocherez une petite boule rouge !
     



              Pensez aussi à lui offrir quelques graines, un peu de graisse pendant l’hiver car comme le dit François Coppée dans La mort des oiseaux : « Oh ! Comme les oiseaux doivent mourir l’hiver ! »
     

    Je vous souhaite à toutes et à tous un très joyeux Noël.

    J'ai bien sûr une pensée émue pour tous ceux qui sont dans la peine et en particulier pour Jill Bill

     


    20 commentaires
  •  

    Jardin d'hiver

     

    A l’aube de l’ultime voyage

    Prendre encore le temps

    De savourer l’espace

    Infini et tranquille

    De mon jardin d’hiver


    17 commentaires
  •  

     

    Dépouillé de son or

    L’arbre savoure enfin

    La paix de ses branchages

     


    22 commentaires
  • Pour La petite fabrique d'écriture

    Chéri, chéri

    http://annielamarmotte.apln-blog.fr/2013/11/08/les-commeres/

     

    -      Chéri, chéri, viens voir, l’automne est arrivé ! Vite, vite allons voir, il fait si beau dehors ! Regarde la lumière ! Respire-moi cet air ! Allons, je prends ma canne et puis mon vieux chapeau. N’oublie pas  ton appareil photo, il y a là des idées à foison, de quoi alimenter nos blogs pendant au moins trois mois !

     

    -    Mais tu plaisantes j’espère ! L’automne, l’automne, c’est d’un banal ! Tous les ans on tourne tous en boucle autour des mêmes choses, tu n’en n’as donc pas assez ? Vas-y toi si ça te fait plaisir, moi je reste ici, j’ai l’hiver à préparer !

     

    -      L’hiver ? Mais l’hiver c’est loin, tu as bien le temps !

     

    -      Tu crois ? Il faut installer la chambre du fond, renouveler le stock de couettes, acheter de nouvelles ampoules basse consommation, vérifier les radiateurs, garnir les étagères, installer une alarme pour ne pas se faire dévaliser comme l’année dernière par les loirs et les mulots, commander quelques bouquins. Je me commanderais bien le dernier Yann Moix, il paraît qu’il est top pour passer l’hiver : tu lis, tu dors, tu lis, tu dors ! En plus il est tellement lourd qu’on peut faire de la gym avec et entretenir ses muscles histoire de ne pas ressortir tout mou au printemps !

     

    -    Quel rabat-joie vraiment. Regarde en lisière du bois, regarde ces chênes enjuponnés de roux et puis cette épaisseur de glands ! On pourrait même s’y rouler dedans comme dans une piscine à balles ! Viens, on va bien s’amuser !

     

    -        Bof, on l’a déjà tellement fait, ce n’est pas nouveau !

     

    -       Et tiens là-bas, regarde les feuilles brillantes des grands peupliers qui font comme des couronnes d’or au-dessus de la rivière. Entends-tu leur musique? On dirait mille petits cœurs qui battent à l’unisson. Mille battements d’ailes…

     

    -       Et alors, tu ne vas tout de même pas me rejouer la scie de la mélancolie et des feuillages jaunissants sur les gazons épars !

     

    -    Non, pas du tout, juste la grâce infinie des platanes, la tendresse de leurs branchages quand ils touchent la terre. Et l’étang qui fleurit dans le soleil couchant…

     

    -       Des rengaines, encore des rengaines qui nous bassinent avec toutes ces vieilles choses vues et revues : le brouillard du matin, l’odeur des pommes, les noix, les raisins, les feuilles mortes et le vent qui fait claquer les portes et les beaux jours qui sont finis !

     

    -       Mais tu ne comprends donc rien, c’est comme un rendez-vous qu’on ne doit pas manquer, quelque chose qui te prend tout entier, qui te fait vibrer, qui te rend vivant, joyeux, qui illumine tes journées !

     

    -       Ce n’est pas ça qui va remplir notre garde-manger ! Et puis l’automne, ça te file entre les pattes, tu n’as pas le temps de dire ouf qu’il est déjà passé. Je ne te comprends pas chérie, il n’y a vraiment que toi pour tenir de pareils discours !

     

    -        Et le désir, tu en fais quoi du désir ?

     

    -        Mais ma parole on dirait que tu as 10 ans !

     

    -       Et pourquoi pas, c’était si beau cette énergie, toutes ces envies, ces gestes fous que l’on faisait sans se préoccuper du qu’en-dira-t-on. Les choses étaient tellement simples. Oui je rêve encore de me rouler dans les herbes folles au milieu des grillons, oui, j’ai envie encore de fouler les feuilles mortes, de les lancer en l’air comme un feu d’artifice, de  regarder le feston de givre qui borde les corolles des dernières ombelles. J’en ai assez de subir le décompte des jours coincée de ce satané terrier qui sent le renfermé. Tu me parles de confort et moi je te parle de vie, tu entends de vie ! Et que tu le veuilles ou pas, cet hiver je pars au bord de la mer!

     

    -        Au bord de la mer? Mais tu es complètement folle, c’est contraire au règlement !

     

    -       Le règlement ? Le règlement je m’en tamponne, j’ai passé l’âge d’obéir au règlement. Désormais, le règlement c’est moi qui l’écris. De toute façon avec le réchauffement climatique cette notion de saisons est totalement dépassée alors moi, je sors, je profite de l’automne et je vais aussi profiter de l’hiver. Qu’est-ce que tu dis ?

     

    -           Rien, je siffle !

     

    -         J'ai quelque peu détourné la consigne de Quichottine qui parlait de " commères" et je me suis aperçue après coup que j'avais écrit un texte qui fait écho à celui d'ABC. J'espère qu'elles me pardonneront toutes les deux.


    16 commentaires
  • Cette semaine, l’AFM-Téléthon organise plusieurs centaines de manifestations dans toute la France pour récolter des dons.

    Comme en 2012 avec « Le secret des ombelles », je participe à ma façon en publiant mon quatrième livre, un petit recueil de deux contes dont les droits d’auteur (2€ 70 par livre) iront à l’association « Pour le bonheur de Matthis ».

    L’histoire de Matthis vous est racontée ici. Avec « Le secret des ombelles », j’avais pu envoyer un chèque de 280 € à l’association, une somme modique certes mais l’océan n’est-il pas empli de gouttes d’eau.

    J’ai attendu un peu avant de vous en parler car je ne voulais pas interférer avec la sortie de « La marguerite des possibles ».

    Un recueil de deux contes donc, deux aventures qui vous emmèneront sur le chemin des étoiles, des mystères de La Voie Lactée jusqu’au cœur d’une forêt profonde où vivent d’étranges créatures.

    Deux récits pour les petits et pour les grands qui tentent, chacun à leur manière, de démontrer qu’il faut savoir parfois affronter sa peur de la différence pour trouver le bonheur. 

    Les dessins sont de Sandra et de Matthis et Joëlle Chen m’a fait l’immense cadeau de me prêter une de ses toiles pour illustrer la couverture.

    Comme d’habitude, vous pouvez commander directement chez TBE en cliquant ici ou bien me contacter directement à l’adresse suivante : esper-viure@orange.fr

    Je vais en commander 25 pour avoir droit à des réductions, mes modestes moyens ne me permettent pas d’en commander plus.  Si vous êtes intéressés il vous en coûtera 15 € pour le livre plus 2€50 de frais d’envoi avec bien sûr une dédicace.

    Je sais que vous êtes nombreux à avoir déjà fait un effort en achetant « La marguerite des possibles » mais Noël approche et je pense que mes deux contes peuvent être une idée de cadeau. Je regrette que Thebookedition demande aussi cher pour l’impression de ses livres (12€29 pour 50 pages, ce n’est vraiment pas donné) mais nous qui nous autoéditons, nous n’avons vraiment pas le choix !

    Et maintenant, je vous livre le début du premier conte : Poussière d’étoiles

    "Tout en haut du ciel, il y a une route, une très grande route, une route d’étoiles brillantes, scintillantes, qui palpitent la nuit comme le ventre d’un formidable dragon.

    Cette route, tellement vaste et tellement énorme qu’aucun homme jamais n’a pu en percevoir ni le début ni la fin, tu peux la contempler au milieu de l’été, lorsque le grand noir de la nuit se déploie tout entier au-dessus de la Terre.

    Et les étoiles qui ont construit la route, tu peux les voir aussi. Tu peux les observer dans l’encre noire  de la nuit. 

    Des myriades d’étoiles qui parcourent le ciel à travers les immenses étendues de l’espace.

     Des myriades d’étoiles qui se serrent les unes contre les autres, qui se donnent la main, qui se mélangent les orteils, qui s’emmêlent les cheveux, qui se passent dessus-dessous comme les fils d’une très grande tapisserie.

     Des myriades d’étoiles comme des mots en ribambelles qui écriraient pour nous de très belles histoires, qui nous emmèneraient loin, très loin, là où nos rêves les plus fous peuvent encore se raconter dans le plus grand secret du grand noir de la nuit.

    Et depuis la nuit des temps, les hommes observent les étoiles, interrogent le ciel sur le mystère de cette route qui voyage sans fin tout au-dessus des océans, au-dessus des sables des déserts, au-dessus des forêts, des fleuves, des plaines, des montagnes…

    Comment peut-elle tenir ainsi perchée tout là-haut dans la voûte des cieux ? Où sont les piliers qui soutiennent ce viaduc de géants ? Et si c’était un énorme serpent qui dévore peu à peu tous les astres qui passent pour grandir et grossir encore et encore.

    Pauvres hommes tellement petits et tellement perdus dans le berceau de la nuit éternelle ! C’est pourquoi, pour se rassurer, ils ont donné à cette route un très joli nom. Ils l’appellent « La Voie Lactée ». Ainsi, en la regardant, ils se sentent aussi heureux et protégés qu’un bébé qui vient de boire le lait de sa mère. Et puis bien sûr, ils ont aussi voulu donner un nom aux planètes les plus proches, aux comètes voyageuses, aux étoiles et aux constellations, comme si en leur donnant un nom ils pouvaient les dompter, en devenir les maîtres."

     

     


    20 commentaires