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    Silence

     

    Silence

     


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    De gueule et de sang

    Déchirure  fossile

    L’arbre  qui  s’écartèle

    S’étonne sous les branches

    Car il peut dire encore

    Sa chair éparpillée

    Au bois vif des forêts

     


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    Je ne connaissais absolument pas cette artiste mais quand j’ai dit à ma petite fille cet été que Yayoi Kusama proposait une de ses « installations » au Centre d’art Le LAIT à Albi, elle a sauté au plafond. Elle avait fait un exposé sur elle cette année et elle était très heureuse de voir une de ses œuvres. Et puis à Albi, nous n’avons pas été dérangés par les autres visiteurs alors que d’après elle, si nous avions été à Paris, nous aurions dû faire la queue !

    Nous avons passé beaucoup de temps dans cette installation pleine de pois et de miroirs. Nous nous sommes bien amusés, mon mari s’est éclaté avec son appareil photo. Je ne vous montre que les images les plus convenables !!!

     

    Yayoi Kusama

     

    Yayoi Kusama, artiste japo­naise, née en 1929, exé­cute ses pre­miers des­sins et aqua­rel­les dans les années 50. Elle manifeste très tôt  un intérêt pour l’art et elle peint et dessine  depuis l’âge de dix ans. Très souvent, elle emmène du matériel dans les champs que tenaient sa famille et passe  des heures à dessiner les fleurs qui s’y trouvent.  

    Mais la petite Yayoi Kusama dessine aussi pour échapper aux hallucinations dont elle est victime. Effectivement, lors d’un dîner de famille, la jeune fille fait pour la première fois l’expérience d’une vision qui changera sa vie et qui influencera grandement son œuvre. « Tout a commencé par les hallucinations » affirme Kusama, dont les premiers souvenirs  remontent à ses dix ans. « Un jour, après avoir vu, sur la table, la nappe au motif de fleurettes rouges, j'ai porté mon regard vers le plafond. Là, partout, sur la surface de la vitre comme sur celle de la poutre, s'étendaient les formes des fleurettes rouges. Toute la pièce, tout mon corps, tout l'univers en étaient pleins » Ces tâches, ces pois seront dès lors omniprésents dans ses œuvres.

    Sa mère en particulier fera tout pour l’empêcher de mener à bien ses projets. Pourtant, en mars 1952, Yayoi Kusama organise sa première exposition personnelle à Matsumoto qui est couronnée de succès.

    À l’âge de 27 ans, elle quitte le Japon pour les Etats-Unis et s’ins­talle à New York jusqu’en 1972, avant de reve­nir vivre au Japon en 1977 où elle vit actuel­le­ment. 

     

    Yayoi Kusama

     

    Aujourd’hui elle est déclarée par les Japonais « Trésor National » et bien qu’elle déclare : « Nous ne sommes que de misérables insectes dans un univers incroyablement vaste », cela ne l’empêche pas d’être fine mouche et de travailler aussi pour des grandes marques de la mode : Lancôme, Louis Vuitton, une marque de téléphone portable …

     

    Yayoi Kusama

     

    "Infinited Mirrored Room - Dots Obsession de Yayoi Kusama est une œuvre immer­sive com­po­sée de miroirs et de "molé­cu­les" gon­flées en sus­pens dans l’espace, dans un monde clos. Le reflet infini des miroirs, l’obses­sion des points appli­qués sur des bal­lons aux formes orga­ni­ques et la cou­leur rouge, trou­blent, fas­ci­nent et per­tur­bent notre per­cep­tion."

    C'est vrai, nous avons été fortement perturbés !!!!!!!

     

    Yayoi Kusama

      

     


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    Le  Mariage

     

    Comme beaucoup d’entre vous je suis occupée par ma petite famille mais je tenais malgré tout à vous parler une fois encore de « notre livre » et vous dire combien j’ai été émue de le tenir entre mes mains. Bien sûr, je connaissais déjà la plupart des textes mais les voir ainsi assemblés sous la forme d’un livre leur donne une tout autre réalité. J’ai surtout apprécié la façon fluide dont tous les textes s’enchaînent, le fait que chacun de nous apporte avec sa propre musique un éclairage nouveau aux différents épisodes de ce mariage ainsi que les petits dessins de Solizaan qui se promènent de page en page donnant au récit une lumière tellement particulière.

    J’ai eu l’impression d’une grande promenade qui nous emmène successivement du drame à la fable burlesque, du conte pour enfants à une pièce de boulevard quand les portes s’ouvrent sur de nouveaux personnages, les quiproquos, les bavardages autour d’un thé, derrière la haie d’un jardin anglais, mais parfois aussi dans un dessin animé comme Satanas et Diabolo où quand tout semble tourner rond, il y a toujours le méchant, le maladroit,  l’étourdi qui vient soudain tout remettre en question. Cela n'empêche ni la poésie, ni la tendresse qui surgissent soudain et vous émerveillent comme un pré où dansent les ombelles.

    Je suis heureuse et fière d’avoir participé à cet évènement qui marquera à jamais ce morceau de chemin de petits cailloux blancs, ronds et brillants comme des étoiles.

    Pour ceux qui hésitent encore et qui se contentent de dire dans les commentaires « bravo ou bonne chance », allez, ne restez donc pas sur le quai à regarder passer le train de l’espoir, embarquez-vous, achetez le livre, vous ne serez pas déçus. Faites partie de la grande communauté de ceux qui ont déjà dit oui, vous ferez une bonne action , vous en aurez des étincelles plein les yeux et tout plein de joie au cœur pendant longtemps, longtemps !

     

     


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  • Dernier texte pour clore l'atelier d'écriture. Après avoir écrit sur quatre "tableaux" (voir les quatre textes précédents) L'animatrice nous demande de nous improviser commissaire d'expo, de se choisir un lieu et d'inclure nos œuvres dans une expo en trouvant un lien entre elles.

    L’expo à Sarcelle

     

    C’était ma toute première expo et mon tout premier chèque. Lorsque Diégo m’avait dit qu’il était dans la panade et que son commissaire d’expo lui avait fait faux bond, j’avais saisi ma chance et m’étais proposé sans réfléchir. L’occasion était trop belle ! Diégo m’avait juste donné un lieu : la gare de Sarcelle et un thème : "L ’Ailleurs". Il m’avait confié que le lieu était sympa avec une forte concentration d’émigrés venus d’Afrique du Nord et  de Turquie avec des kebabs à tous les coins de rue.

    «  Pour les œuvres à exposer, je te donne carte blanche. Tu fouilles et tu fais à ton idée. Tiens, si ça peux t’aider, je te file une liste de noms et d’adresses, tu en connais peut-être certains. Mais attention, tu restes dans le flou, rien d’agressif et surtout pas d’images choquantes. C’est juste une expérience tu comprends. On fait profil bas, on s’intègre en douceur. Je ne veux pas d’embrouilles avec les locaux. Ils sont gentils mais susceptibles ! »

    Et c’est avec ces quelques consignes en tête que j’avais dû m’organiser. J’avais donc commencé par tâter le terrain en allant au kebab qui se trouvait en face de la gare. Le patron était Kurde et s’appelait Ajar. Il avait une carrure de rugbyman et ses bras arboraient de multiples tatouages dont  un Christ pantocrator qui me fit penser qu’il était de religion chaldéenne. Ajar était sympathique et plutôt bavard. Il  me confia que du fait de sa religion, l’intégration avait été facile mais qu’il souffrait encore malgré tout de la façon dont les élus locaux considéraient leur communauté.  Pour eux, tout ce qui venait d’ailleurs était considéré comme suspect, sale et malsain.  Tu vois bien, il n’y a pas un seul blanc dans mon kebab, comme si ma cuisine allait les empoisonner ! Pourtant, tu peux aller y faire un tour dans ma cuisine, elle est nickel et sans doute plus propre que la leur ! Et puis, tu as vu les rues, les trottoirs. C’est sale c’est vrai mais où sont les poubelles ? Les conteneurs sont éloignés d’au moins 800 mètres les uns des autres alors, les gens balancent leurs sacs sur les trottoirs et ça reste là pendant des jours ! »

             Cette phrase « Mais où sont les poubelles ? » m’occupa toute la nuit. Il fallait que je construise cette expo sur le thème de l’Ailleurs vu par les autres. Oui, c’est ça. Au centre du hall de gare, il demanderait à Johny Poubelle de lui arranger quelques installations très significatives pour interpeller ces élus locaux et rendre service à Ajar. Il se ferait un plaisir de créer le désordre et le questionnement. Peut-être même irait-il jusqu’à animer les trottoirs sous forme de clins d’œil. Et puis aussi il pourrait accrocher une toile de Patrick Meunier, celle avec des post-its partout qui dirait comment de plus en plus les gens se mettent des œillères pour ne pas voir ce qui les dérange, peut-être aussi pour signifier comment on veut guider notre pensée, notre regard, nous mettre en tête d’autres valeurs, nous obliger à adhérer à un objectif politique qui n’est pas le nôtre.

    Et pourquoi pas un tableau avec des lignes? On était bien dans une gare? Oui des lignes pour nous emmener vers un ailleurs où l’on peut voir avec ses yeux, sentir avec son âme, penser avec ses mots, des lignes de mots en ribambelles qui danseraient, feraient la ronde, mots perdus, retrouvés, des mots qui se défont, se déguisent, se dérobent et qui, même si on ne les comprend pas toujours, nous interpellent parce qu’ils sont la trace de notre humanité.

    C’est alors que je découvris dans la documentation de Diégo un article sur cet artiste qui vivait dans les arbres et que j’étais allé visiter un jour, celui qui, avec sa drôle de machine, captait les ondes vagabondes. Il faudrait le convaincre, mais s’il acceptait de venir dans la gare de Sarcelle, il en capterait un paquet d’ondes vagabondes. J’étais sûr que ça lui plairait à Ajar cette histoire d’ondes vagabondes, des ondes venues d’ailleurs, de l’au-delà des mers, peut-être de son pays où il avait laissé une partie des siens.

    Quand j’allais lui parler de mon projet pour voir ce qu’il en pensait, il eut un grand sourire et il alla dans son arrière boutique d’où il ressortit avec un tableau de son père, le seul qu’il avait pu emporter avec lui. « Mon père n’était qu’un amateur mais il savait croquer les gens et dire leur misère ». Il représentait un homme en pyjama, le dos voûté, appuyé à l’évier de sa cuisine, une cuisine blanche et entièrement vide. 

    « Tu vois dit-il, mon père a voulu montrer comment ça s’est passé quand nous avons dû fuir le génocide. Nous sommes partis en pleine nuit avec juste quelques biens, le strict minimum pour survivre en chemin. Et puis nos familles ont été dispersées, beaucoup sont morts et moi je suis là. Je n’ai plus aucune nouvelle d’eux mais si tu veux, je te prête le tableau pour ton expo. Tu leur expliqueras, moi je ne peux plus, c’est trop dur. »

    L’expo fut un succès. Depuis, la gare de Sarcelles est devenue un lieu très recherché pour un grand nombre d’artistes. Du coup les élus se sont un peu bougés et des conteneurs flambants neufs ont été ajoutés sur les trottoirs. Grâce aux amis influents de Diégo, Ajar a pu avoir des nouvelles d’une partie de sa famille. Ils vivent dans un camp de réfugiés en Irak où son père continue à dessiner pour oublier l’horreur de sa condition. Un reporter lui a rapporté quelques clichés qui vont être publiés et sans doute exposés dans une galerie.

     


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