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Marc-Aurèle Fortin
Marc-Aurèle Fortin (1888-1970)
« J'ai voulu créer une école du paysage canadien complètement détachée de l'école européenne. Il n'y a pas d'école typique canadienne où l'on ne sent aucune influence. J'ai été le premier à me dégager de cette emprise. »
Fortin a étudié à Montréal et à l´Art Institute of Chicago. Peintre de la nature, ses sujets préférés sont les arbres, d´énormes ormes feuillus frémissants de toute leur frondaison, accompagnés d'étonnants nuages qui traversent les cieux comme de puissants navires. Sous ces arbres, on trouve des charrettes de foins, des maisons rustiques, des personnages minuscules perdus dans cette nature luxuriante.
Très inventif, il expérimentera différentes techniques.
En 1918, il aborde l’aquarelle pure sur papier sec.
Entre 1929 et 1935, il voyage et expose beaucoup aux Etats-Unis, en Afrique du Sud, en France, en Italie
En 1936 il aborde la peinture à l´huile et il conçoit une technique qui consiste à peindre sur des fonds gris « pour décrire l'atmosphère chaude des ciels du Québec » et sur des fonds noirs pour « intensifier la relation entre l'ombre et la lumière ».
En 1939, il expérimente l’aquarelle rehaussée de crayon et de pastel gras ce qui ne s’était encore jamais vu.
Il s’adonne aussi à l’estampe et gravera près de 60 plaques.
En 1950, l'artiste découvre la caséine (détrempe à base de lait).
Mais bientôt, le destin frappe à sa porte en la personne d'Albert Archambault. Ce jeune homme de 25 ans, père de deux enfants est camionneur et vendeur. Fortin est diabétique et sa santé se dégrade. Il voit en ce vendeur itinérant l'homme providentiel qui va pouvoir l'aider.
Le 24 février 1955, le peintre se fait amputer la jambe gauche. La veille de l'opération, n'ayant personne d'autre à qui s'en remettre, Fortin signe devant notaire un acte de procuration au nom d'Albert Archambault faisant de celui-ci son fondé de pouvoir pour toutes ses affaires sans exception. À partir de ce moment, cet homme sera l'orchestrateur du drame que va devenir la vie de Marc-Aurèle Fortin pour les dix prochaines années.
Usant de béquilles, il apprend à se déplacer et à s'installer devant son chevalet. Quatre années plus tard, c'est l'amputation de l'autre jambe. Archambault, alcoolique criblé de dettes a pris, dès le début, l'habitude de vendre à des prix dérisoires des tableaux de Fortin à son insu.
Puis Fortin est exproprié de sa vieille maison de pierre au moment où l’on construisait l'autoroute des Laurentides. Archambault qui ne veut pas s’occuper du déménagement et de l'entreposage des œuvres les charge sur son camion et va déposer le tout au dépotoir. Après quoi, il y met le feu.Impotent, à la merci de cet homme, Fortin voit son oeuvre partir en fumée. S'il récrimine, Archambault menace de ne plus s'en occuper.
En 1964, la Galerie nationale du canada présente à Ottawa une exposition rétrospective de Marc-Aurèle Fortin qui circulera partout au Canada. Voilà le nom de l'artiste propulsé à l'avant-scène de l'activité culturelle. On s'interroge sur la situation de l'artiste que l'on sait toujours vivant, mais au sujet duquel des rumeurs courent de plus en plus. En cette année 64, les demandes de visites se font de plus en plus nombreuses mais Archambault refuse à tous l'accès au peintre.
À l'automne 66, le scandale éclate. Deux journalistes réussissent à franchir la porte d'Archambault en son absence. Ils interviewent et photographient Fortin, et le reportage paraît à la une du journal La Patrie. "Ce que je viens de voir est atroce!" lance d'emblée Louis-martin Tard. Et de décrire l'état abject dans lequel croupit le grand peintre, vieil homme de 78 ans au crâne rasé, vêtu d'une robe de chambre ouverte sur ce demi-corps devenu le sien. Tête de bagnard, barbe de plusieurs jours, l'oeil gauche à demi-fermé, presque aveugle, il gît dans des draps gris d'une saleté repoussante. René Buisson, collectionneur, fait 400 milles en auto pour sortir Fortin de cet enfer.
Les trois dernières années de sa vie se passeront dans la dignité au sanatorium de Macamic, en Abitibi.
À sa mort, à l´âge de 82 ans, il avait produit environ de huit à dix mille œuvres d´art, un grand nombre d´entre elles ayant été perdues .
Les liens vous mènent à la Fondation Marc-Aurèle Fortin pour celles et ceux qui voudraient en savoir plus sur les techniques du peintre.
D'autres oeuvres ici
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Tags : Marc-Aurèle Fortin, peintre canadien, ormes
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Commentaires
Ce n'est guère mon style mais il a eu une drôle de vie et se retrouver dans la saleté n'a pas dû arranger son cas une vie très décousuebonjour Aza
M-A Fortin a un très grand talent que j'apprécie beaucoup
ainsi que son côté innovateur
les artistes canadiens ne sont pas assez connus chez nous
et c'est dommage !
ton article est passionnant
quelle vie !
Merci pour la belle vidéo
et pour ta visite à ma galerie
bonne journée
bon weekend
bisous amicauxC'est la première fois que j'entends parler de ce peintre et de sa si triste et misérable vie, de ce qu'un homme frustre a fait de son oeuvre.
Certaines de ses oeuvres ne me déplaisent pas.
Je découvre... et je suis très émue par les éléments de biographie que tu nous donnes.
J'aime énormément les tableaux que tu nous montres.
Lorsque j'aurai plus de temps, je me pencherai plus avant sur son oeuvre.
Merci pour tout Azalaïs. Passe une douce journée.
Je ne connaissais pas ce peintre, sa biographie m'émeut beaucoup.J'aime son esprit d'aventurier de l'art. Je n'aime pas tout , ses aquarelles me plaisent .
Merci pour les liens très intéressants.
Douce soirée, bon dimanche, bises Azalaïs
Bonjour Azalaïs,
Je découvre ce peintre grâce à toi. J'ai regardé avec grand intérêt et admiration le diaporama. Quel travail! j'aime beaucoup. certaines œuvres sont proches de Van Gogh, Vlaminck, des Fauvs.
Triste destin. C'est effarant et bouleversant
Bises de bon dimanche
Martine
Bonjour Azalais
Merci de nous faire découvrir cet artiste et ses aquarelles lumineuses et typiques
Je découvre, comme beaucoup ici je suppose.
J'admire énormément ses aquarelles, très originales et ses huiles me touchent énormément.
Je vais poursuivre cette découverte.
Merci, Aza,
bises
Quel destin tragique !
Sa peinture est très personnelle, marquée par l'amour de la Nature. Merci, Azalaïs, encore une découverte !!!
je ne connaissais pas ce peintre et sa fin de vie est bien triste. Combien sont ainsi oubliés ?
Sa peinture me fait penser à celle de Van Gogh. Comparaison hérétique peut-être mais c'est ce que je ressent. comme j'aime la peinture de Van Gogh, c'est donc un compliment
Bonjour
Tout ne me plait pas mais heureusement il y a certaines de ces toiles qui sont plaisantes à regarder !
J'aime par exemple l'arbre qui surplombe la maison ..
Bonne journée à toi
Bises
16Joëlle C.Mercredi 19 Mars 2014 à 18:28Un billet digne d'intérêt merci Aza pour toutes ces précisions, une jolie découverte pour moi, bises !
merci de me faire découvrir ce chantre du mouvement, j'aime ses arbres !
bises et belle soirée à toi
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Je ne connaissais pas du tout. Je ne suis pas très fan de ce genre.
Très bon week end
Bises