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La chapelle Saint Ferréol
Samedi, nous avons chaussé nos godillots pour une des plus jolies randonnées tarnaises : La chapelle Saint Ferréol, au-dessus de Dourgne, dans le Sud du département, en plein cœur de la montagne noire ! Malgré la chaleur, j’avais envie de tester une grimpette pour voir si ma patte folle tiendrait le coup.
Il faut que je vous dise que Dourgne est un village très pieux avec deux abbayes bénédictines : En Calcat, l’abbaye des hommes (très connue grâce aux tapisseries de Dom Robert) et Sainte Scholastique, l’abbaye des femmes. De plus quatre saints veillent sur la petite cité : Saint Ferréol, Saint Stapin, Saint Macaire et Saint Hyppolite. Nous étions donc entre de bonnes mains mais le parcours initial a changé et au lieu des 2 h 50 annoncées dans le guide du Tarn il nous a fallu 3 heures de montée et 1 heure de descente un peu raide parfois à déconseiller par temps de pluie..
Les deux abbayes (un petit clic sur les photos SVP)
Le départ est plutôt rude mais très vite nous rencontrons Saint Stapin, notre premier Saint dont la statue domine la vallée avec une très belle vue sur les deux abbayes.
Le chemin encaissé se transforme alors en une ligne de crête où dansent une multitude d’azurés très friands de ciboulette sauvage aux fleurs rondes comme des lunes étoilées .
Après avoir contourné un énorme promontoire rocheux assez impressionnant, nous plongeons dans une belle forêt où alternent les pins et les hêtres. Enfin, c’est le désert de Saint Ferréol, un vaste plateau dénudé où affleurent des roches qui nous viennent du fond des âges, avec, au bout du bout, celle pour qui nous sommes venus : La capelette posée au bord du vide comme un navire prêt à prendre le large.
J’aurais aimé pouvoir tout garder, noter tous les détails, la consistance du sol où buttent les chaussures, la couleur des mousses qui font le gros dos sur les épaules des roches, l’infinie variété des verts qui habillent les fougères, la chaleur qui me brûle les yeux, la joie retrouvée de l’effort, l’odeur des pins, le petit vent sous la hêtraie avec la lumière qui sautille dans les branches, le chant des oiseaux, le bourdonnement épais des mouches, l’étroitesse des sentes et puis cette immensité qui soudain se révèle à nous avec la force sidérante de cette petite chapelle si seule, si simple, plantée là ,au milieu d’un désert d’herbes sèches parsemé de cailloux et de vieux cades échevelés.
La fatigue est abolie. Il n’y a plus que ce petit morceau de monde autour de moi, en moi qui me tient dans sa main et me rend profondément vivante avec cette chapelle qui m’attire comme un aimant. L’intérieur est austère mais accueillant, juste la chaleur ocre rouge de la pierre, une simple croix de bois, des ouvertures étroites qui laissent entrer la lumière.
Je me pose sur un banc, non pour prier, je ne sais pas trop faire, mais juste pour dire merci et profiter d’un petit instant de paix. Deux jeunes hommes un peu débraillés entrent, ajustent leur tenue et s’assoient à leur tour. Je suis un peu dérangée par cette intrusion presque brutale mais je reste malgré tout.
Soudain, la voix très pure de l’un d’entre eux s’élève dans le silence et entonne l’Angélus sur l’air très connu de Greensleeves. Sans que je sache ni comment ni pourquoi, une joie immense se déploie en moi, une sorte de « stupeur tranquille » dirait Philippe Jacottet, quelque chose qui me coupe le souffle et m’emplit en même temps de reconnaissance, de profonde gratitude, d’intense plénitude. C’est de l’ordre de l’inexplicable et tient sans doute à la magie du lieu où communient de façon très étroite la bonté de la terre et la tendresse du ciel. J’ai déjà ressenti ce phénomène étrange dans des lieux différents : Conques, le lac de Saint Andéol dans l’Aubrac, Montségur, le Mont Saint Michel … auprès de plusieurs sources aussi. Certains parleront de forces telluriques, d’autres de grâce divine. Peu importe ce en quoi l’on croit, l’essentiel est de vivre pleinement ces instants, de laisser à la porte ses rancœurs, ses préjugés, ses doutes et d’avoir l’humilité de se laisser bouleverser, tout simplement.
Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus, je vous renvoie à l’excellent article d’Abellion http://polymathe.over-blog.com/article-23449053.html
Tags : Capelette Saint Ferréol, Dourgne, Montagne Noire
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Commentaires
1JackieJeudi 5 Septembre 2019 à 13:59Bonjour Azalaïs, un régal de se balader avec toi tu as vraiment l’art de raconter et une très belle écriture Merci et belle journéeRépondrebonheur de la balade et bonheur de l'instant, juste se laisser toucher par la grâce quelle qu'elle soit et d'où qu'elle vienne... j'ai suivi tes pas et ai senti ce merveilleux temps de paix intérieur. Merci pour ce magnifique partage !
en compagnie de tes mots
nous découvrons
toutes les joies et les sensations de cette promenade
Une telle vue
sur l’infini
ne peut que nous ouvrir l’esprit
L’effort nous libère
et nous rend plus proche
des beautés de ce monde
Si content de te lire Azalaïs
Tout d'abord, je suis très contente pour toi (qu'après être passée par St Stapin, absorbé le dénivelé jusqu'à la piste d'envol des parapentes, descendu dans la combe pour mieux remonter sur le plateau ) que tu aies pu trouver la capelette ouverte car il est bien stipulé sur la porte que si tu veux entrer, il faut réclamer les clefs à Dourgne (c'est à dire descendre les chercher si tu n'y a pas pensé au départ, pour mieux remonter ensuite LOL) . L'endroit est magique , battu par les vents ou écrasé par le soleil, il n'en reste pas moins un grand moment de communion avec la nature.
Quel bonheur de marcher dans tes pas, au coeur de la nature, dans le silence de ce sentier, environné de forêt ou sur ce plateau écrasé de soleil. Cette petite chapelle est une véritable merveille et je suis tellement contente pour toi que tu puisses recommencer à marcher en toute liberté et ressentir une telle communion avec la nature. Cela est indispensable à notre équilibre et qu'importe l'effort quand il est ainsi récompensé. Merci pour tes mots et ton art de conter. Ils me manquaient beaucoup. Bises
C'est un bonheur de te lire à nouveau et de te suivre sur ce chemin..merci pour ce bon moment !
Les photos sont très belles
On ne peut jamais tout garder de l'instant vécu, mais tu as su partager avec nous ces moments merveilleux.
J'aime énormément ta pause dans l'église et ce chant qui monte et t'emplit de joie.
Je n'aurais pu faire cette randonnée, mais tu me l'as permise sur ta page.
Merci pour tout.
J'ai marché dans les pas de tes mots et j'ai entendu la musique du vent dans les herbes, et j'ai aimé le moment de pureté que tu as partagé avec nous.
Un besoin de revivre des instants d'exception et me voilà à nouveau dans le Tarn, sur ce plateau qui nous offre une vue à 360° et je revis avec toi cet instant magique où,proche du syndrome de Stendhal) tu eus la chance de trouver la capelette ouverte et d'entendre s'élever les voix.
Une promenade extraordinaire , envoûtante et riche. Mais tu as gardé toutes tes sensations puisque tu nous les livres , elles sont en toi bien ancrées.
J'espère que ta " patte " a bien tenu le coup sans problème avec toute cette endurance.
Merci pour ce beau partage.
Belle soirée, bises Azalaïs
15MartineVendredi 27 Septembre 2019 à 18:18Bonsoir Azalaïs,
Quelle belle balade. Tu décris et racontes si bien ce que tu vois et ressens.
C'est une évasion très agréable en ta compagnie.
Bises
bonsoir, je découvre ton blog car j'ai lu chez manou que tu aimais Indidradsen aussi
ton article , très bien écrit, nous entraîne dans une superbe promenade ; merci
18pollyVendredi 4 Octobre 2019 à 09:29Il en est des balades comme des prières, des espaces qui nous grandissent et nous apaisent.
Belle randonnée qui donne envie de te suivre et merci pour les photos qui accompagnent votre marche.
Coucou Aza
Trop heureuse de t'avoir lue.... J'ai reçu ces instants de Grâce dans plusieurs endroits, mais les plus beaux m'ont été accordée dans certaines petites Chapelles toutes simples, comme je les aime tant... Je retrouve dans ton billet cette joie immense qui emplit le coeur le corps et l'âme d'une vibration intense, presque insupportable.... A chaque fois, les joues inondées de larmes.... Et des mercis enfilés comme dans un chapelet qui sortent en mitraille, tant l'émotion est immense....
Ensuite un silence incroyable sur une musique intérieure qui vibre doucement comme les cordes d'une harpe... Impossible à décrire !
MERCI pour ce merveilleux billet qui m'a bouleversée ! tu écris si bien !
Bisous
Juste un peu reprendre le chemin de tes mots et des belles images, merci pour la ballade Aza, te bise !
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