• L'atelier de l'artiste: texte un

     

    Samedi 13 juin, je suis retournée aux Moulins Albigeois où les ateliers d’écriture ont repris. Comme je vous l’ai déjà expliqué, nous écrivons à partir d’œuvres très contemporaines qui nous laissent souvent perplexes. Pourtant, curieusement, elles stimulent vivement notre imaginaire parce que précisément elles nous interrogent fortement même si le plus souvent elles ne représentent rien.

    L’expo s’appelait "Mur Murs"  et à part le jeu de mots, je n’y ai pas compris grand-chose !

    La consigne de ce samedi était de choisir une œuvre, d’y placer un postit pour la désigner aux autres participants puis d’écrire pendant 15 minutes un texte en nous imaginant entrer dans l’atelier de l’artiste et de l’y voir en train de terminer son œuvre. Il fallait trouver un titre à l’œuvre puis, écrire de la même façon trois autres textes mais sur des œuvres choisies par d’autres élèves. C’était amusant de voir la diversité des idées engendrées par une même œuvre.

    Aujourd’hui, je vous livre le premier texte, puis les autres suivront. Je n’ai pas pu prendre de photos alors, pour la première œuvre, imaginez un papier Canson brun clair sur lequel l’artiste (Patrick Meunier) a peint grossièrement une échelle qui accède à une espèce de pelote de laine très embrouillée dessinée au crayon noir badigeonné de gouache blanche. Allez savoir pourquoi, cela m’a inspiré un atelier perché dans un arbre.

     

    L'atelier de l'artiste: 1

     

    La cabane dans les arbres

     

    Il avait construit son atelier dans un hêtre, un arbre énorme plusieurs fois centenaire et qui semblait flotter au milieu d’un grand pré en bordure d’un bois. C’était une cabane ronde, faite de planches et de cordages où se glissaient par endroit des sortes de capteurs solaires qui lançaient dans les airs des signaux lumineux.

    Elle était posée sur une plate-forme circulaire à laquelle on accédait par une méchante échelle de corde et de rondins mal équarris. Mieux valait avoir le pied marin et ne pas avoir le vertige. Tout en escaladant péniblement, rondin après rondin, je me demandais à quoi pouvait bien ressembler cet artiste sur lequel les médias savaient si peu de choses. Je pensais rencontrer un être hybride, moitié lutin vert, moitié Robin des Bois mais je m’étais trompé de conte. Il me reçut en habit de cérémonie : queue de pie, nœud papillon et chapeau claque et alors que je m'étais imaginé le trouver en pleine création, je m’aperçus bien vite que l’atelier n’était qu’un espace vide. Pas une toile, pas une esquisse, pas un collage, pas la moindre composition plastique à base de branchages, de feuilles ou de plumes d’oiseaux, pas de pinceaux, pas de palette, pas d’appareil photo, rien !

    Il était installé dans un immense fauteuil en train de boire un thé tandis que près de lui dormait en boule un énorme chat tigré. Avais-je découvert par hasard comment rejoindre le chapelier fou  d’Alice ? Il ne m’offrit pas de thé mais me montra bien dissimulé dans le feuillage de l’arbre une étrange sculpture qui me fit penser à un assemblage de Tinguely. Ainsi, il cachait ses œuvres dans les branches !  Mais il me détrompa vite en m’expliquant le plus sérieusement du monde  que cet engin servait à capter les ondes vagabondes qu’il renvoyait ensuite dans des endroits connus de lui seul pour colorier le monde là où régnait le froid du gris.

    J’ai longuement cherché en vain à retrouver les lieux dont il m’avait parlé pour percevoir ne serait-ce qu’une fois ses ondes vagabondes destinées à colorier les mondes gris et aujourd’hui, je me demande encore si je n’ai pas rêvé.

    Pourtant, un jour, un collectionneur de mes amis m’a montré un dessin : une échelle de corde qui grimpait dans le ciel et rejoignait un objet rond à l’identité mal définie. Peut-être un nid, un essaim de frelons, une pelote de ficelle, une cabane perchée sur un nuage ? Je suis resté un instant sans voix et quand j’ai voulu interroger mon ami sur l’origine de l’œuvre, il m’a juste souri en me disant « Chuuuuttt ». Je sentis alors un vent coulis d’air frais passer dans mes cheveux, peut-être une onde vagabonde captée là-bas, dans la cabane perchée au-milieu du grand hêtre pour donner des couleurs à mes pensées moroses.

    Je me penchai alors pour lire le nom de l’œuvre qui s’intitulait bizarrement : « Mes mots roses »

     


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 14 Juin 2015 à 21:11
    LADY mARIANNE

    une belle participation ! pas facile ces exercices-
    tu y vas un aprem complet ?
    vous êtes nombreux ?
    c'est intéressant- bravo j'aime beaucoup !
    bonne soirée-

    2
    Dimanche 14 Juin 2015 à 21:16

    Pas facile comme exercice, mais tout à fait réussi! J'aime bien cette petite histoire.

    3
    Dimanche 14 Juin 2015 à 21:26

    Ce n'est pas facile d'écrire sur place, sans avoir le temps de laisser mûrir le sujet en soi. Je vois que tu y arrives très bien, cette cabane m'aurais sûrement beaucoup intriguée. J'aime beaucoup ta chute avec ses "mots roses".

    4
    Dimanche 14 Juin 2015 à 21:35
    Claudine/canelle

    Coucou 

    Bravo pour cet excercice de style ,surement pas très evident !!!

    J'aime tes pensées ..une petite cabane au sommet d'un arbre ...

    Et bien sur l'echelle de corde !!!

    Sourires 

    Bonne soirée Azalaïs 

    Bises

    5
    Dimanche 14 Juin 2015 à 22:34

    Marianne, cela dure en effet tout un après-midi mais comme les Moulins sont inondables, il n' y a pas d'ateliers en hiver et avec les vacances, cela fait fait très peu de rendez-vous dans l'année, 4 tout au plus, c'est dommage car j'aime beaucoup la façon de travailler de notre animatrice, elle propose toujours des idées intéressantes.

    Comme c'est un atelier libre, le nombre de personnes varie, entre 5 et 12 et à part deux ou trois habitués, ce sont rarement les mêmes.

    Si j'avais le temps, j'irais à Toulouse où notre animatrice dirige des ateliers très variés http://www.yaksa.fr/

    Il va y avoir en juillet un atelier de 3jours mais je ne sais pas si je pourrai y aller

     Bonne soirée

    6
    Dimanche 14 Juin 2015 à 23:17

    comme j'aimerai participer à des ateliers d'écriture parfs il y en a ça dure deux ou 3 séances et ça arrête faute de participants et là le sujet était bien compliqué

    7
    Dimanche 14 Juin 2015 à 23:20

    J'admire ton talent, et j'aime cette façon de travailler,c'est vrai que notre imagination n'a pas besoin de grand chose...juste d'être stimulée

    merci azlaïs et bravo

    8
    Dimanche 14 Juin 2015 à 23:39

    Les ateliers d'écriture sont parfois très stimulants

    J'aime bien ton histoire

    9
    Lundi 15 Juin 2015 à 10:08

    J'ai beaucoup aimé ta participation à cet atelier d'écriture sur cette photo insolite. Merci du plaisir que tu m'as procuré.

    10
    Lundi 15 Juin 2015 à 10:55

    C'est un très beau récit... J'aime !

    Merci pour ces mots roses, Aza.

    Passe une douce journée. Bises.

    11
    Lundi 15 Juin 2015 à 12:21

    Je ne sais pas si tu as bien lu Martine, mais ce n'est pas cette photo qui m'a inspirée ,

    Je sais bien, vous n'avez pas le temps de tout lire et nous vivons à l'heure de la zapette , c'est d'ailleurs pour cela que je suis devenue aussi minimaliste, mais là désolée, je vais être un peu longue

     C'est pas grave, une autre fois peut-être sarcastic

    12
    mpolly
    Lundi 15 Juin 2015 à 19:30
    mpolly
    J'aimerais bien recevoir ces ondes en ce moment. Cet artiste perché me plaît énormément. Tu as tout l'imagination fertile et les mots pour l'exprimer. J'attends la suite de cet atelier.
    13
    Lundi 15 Juin 2015 à 20:00

    merci Polly, je comprends que cela ne doit pas être simple pour toi, je crois que ces ondes je me les envoie à moi aussi car j'ai parfois l'impression d'être dans un tunnel. Cet atelier de samedi a été ma bouée de sauvetage

    bises

    14
    Lundi 15 Juin 2015 à 22:47
    erato:

    J'aime ton imagination qui fait vivre le tableau et nous entraîne dans un instant mi rêve , mi réel avec des ondes positives et bénéfiques qui apportent la sérénité.

    Ta conclusion est un message d'espoir.

    J'aime beaucoup.

    Belle soirée, bises Azalaïs

    15
    Mercredi 17 Juin 2015 à 12:59

    je suis allée voir sur internet pour me faire une petite idée de l'expo .. les oeuvres dont tu parles n'y sont pas .. alors j'ai fermé les yeux après ta description  ... une pelote de possibles, de pourquois, au fil de nos choix .. mais avons nous le choix  si il existe un lutin pour moduler tout ça ???
    hou la .. je crois que je suis influencée par l'esprit bac philo !! ;-)
    bises et merci pour ce partage de passion !

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    16
    Mercredi 17 Juin 2015 à 13:19

    non Martine, il  n'y a aucune images sur leur site, on se demande pourquoi ces oeuvres sont autant protégées parce que franchement, je n'aurais sûrement pas payé le prix d'un ticket d'entrée pour aller visiter  l'expo. Le seul charme du musée, c'est sa situation imprenable face à la cathédrale et la vue sur le Tarn.

    Bien vu le fil que l'on déroule mais j'ai eu ensuite le nom de l'oeuvre qui s'appelle "miel" va  y comprendre quelque chose!!

    Toute la matinée j'ai eu les tripes nouées par le bac philo que passait  ma petite fille, je n'ai encore pas de nouvelles

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