• C'est le dernier texte sur l'atelier de l'artiste. Je n'ai toujours pas d'image à vous montrer. Le tableau sur lequel j'ai écrit, représentait un homme devant des conteneurs verts avec au pied des sacs poubelles.

     

    Johny poubelle

     

    Il s’appelait Giovanni Piétri mais il était surtout connu sous le pseudo de Johny Poubelle. Pénétrer dans son atelier, c’était comme entrer dans le ventre du sixième continent, cette zone gigantesque constituée de déchets flottants grande comme six fois la France, qui dérive lentement vers nos côtes, détruisant tout sur son passage, la flore mais aussi la faune, les oiseaux, les poissons, les tortues et qui un jour nous avalera tous. Des déchets non recyclés, jetés en vrac, s'amoncelaient sous une espèce de hangar illicite, construit à la va vite avec des matériaux divers qu’il allait récupérer pour la plupart dans ces énormes décharges à ciel ouvert qui surgissent comme des collines monstrueuses près de certains villages de Seine et Marne. « Quand Paris chie, disait-il avec son accent délicieux, il faut bien enfouir sa merde quelque part ! Mais là, tu vois, ça déborde un peu ! »

    Giovanni faisait partie de ce mouvement artistique italien appelé Arte Povera, mouvement qui consiste à défier l’art traditionnel et plus largement la société de consommation. Au début de ma visite, je n’ai pas vraiment compris ce qu’il faisait de cet empilement de décombres, de ce fatras hétéroclite, de ce ramassis d’ordures. Il n’y avait là  semblait-il, aucune tentative d’harmoniser quoi que ce soit, couleurs, textures, matières… Il y avait juste cet amoncellement qui m’obligeait inconsciemment à vouloir ranger, trier, organiser, à tenter de reconnaître tel ou tel objet qui dépassait de ce capharnaüm dont l’exubérance me submergeait. Et puis il y avait l’odeur qui vous sautait à la gorge et vous donnait l’envie de décamper au plus vite et aussi le tournoiement incessant de mouettes et de corbeaux querelleurs qui voulaient participer à l’orgie de notre défécation quotidienne.

    Je me considérais pourtant comme un privilégié car il vivait en marge  d’un monde qu’il considérait en voie de décomposition. Il était pour la décroissance et vivait dans des squats avec des gens qui se nourrissaient le plus souvent des surplus que les grandes surfaces jetaient tous les soirs aux ordures plutôt que de les partager avec les défavorisés.  Et puis, le voir sautiller comme un lutin   de tas en tas avec aisance et désinvolture avait quelque chose de fascinant. J’en étais tout de même à me demander ce que j’allais bien pouvoir écrire dans ma revue  quand tout à coup, je le vis se lancer dans une petite chorégraphie qui me fit penser à une danse Sioux, puis il me dit : « Tu viens, on va faire les poubelles ». Il me demanda alors de récupérer uniquement des « fringues » et de les mettre dans des sacs poubelles pendant que lui se chargeait de collecter des matériaux divers destinés à construire un abri. Au bout d’une heure, j’avais rempli trois grands sacs de vêtements qui allaient du vulgaire tee shirt de sport au manteau de fourrure porté puis jeté par des élégantes du 16 ème.   Ensuite, il m’invita à grimper dans sa vieille camionnette pourrie et c’est ainsi que nous débarquâmes sur une place touristique de Saint Germain des Prés. Là, sous les yeux ébahis des clients qui sirotaient leur savant cocktail à la terrasse du Flore, tout en tapotant sur leurs smartphones dernier cri, il me dit « Allez, vide ton sac », ce qui le fit beaucoup rire. Il  constitua rapidement  une petite montagne colorée à côté de laquelle il construisit une espèce de hutte ronde. Puis il alla dans un conteneur proche pour récupérer plusieurs sacs poubelles sur lesquelles il peignit des visages souriants, des bras des jambes et il les installa devant sa hutte et sa montagne pour simuler deux SDF devant leurs toiles de tentes. Enfin il écrivit sur un panneau : « Une petite pièce s’il vous plaît, j’ai faim et j’ai froid ».

    Curieusement ses œuvres éphémères destinées à rendre signifiants des objets insignifiants restaient en place quelques jours avant d’être à nouveau englouties par le camion poubelle. Il y avait même des passants qui se prenant au jeu, mettaient une petite pièce dans l’assiette ébréchée qu’il avait déposée près de ses deux personnages. Mais Giovanni se moquait bien du devenir de ses  œuvres. Ce qu’il aimait c’était l’itinérance, le questionnement, l’incertitude, le désordre, l’éphémère, le périssable, le renoncement à ce trop de confort qui se nourrit de la servitude de certains de nos frères et de la souffrance animale. .

    Et quand il me demanda si j’avais un titre pour son œuvre, je répondis en souriant : « Déchets te rient »

     

    Michelangelo Pistoletto

     


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    Cette fois j'ai une image à vous proposer trouvée sur internet

     

    12 Duchêne2Gérard Duchêne

     

    Des lignes, des lignes, des lignes, c’était sa vie la ligne, une passion, une obsession, une idée fixe. Il faut dire qu’il était né sur la ligne B du RER en pleine heure de pointe, quelque part entre Denfert et Palaiseau. Depuis toujours, il les collectionnait sous des formes diverses : plans, cartes, diagrammes, figures géométriques,  mais aussi fils tendus, enroulés, tricotés, nœuds marins, dentelles, tissages…

    Dans son atelier situé pas très loin de la gare qui l’avait vu naître, il y avait également des photos, des images, de petites vidéos redisant inlassablement la profondeur d’un sillon au printemps, la ligne instable de l’écume à la crête des vagues, les veines ondoyantes d’une planche de merisier, les lignes fugaces d’un arbre dans la brume, celles mouvantes d’une rangée de peupliers sur le bord d’un canal, la courbure d’une hanche, le galbe d’un sein, les rides, les nervures, les écorces, les traces laissées par les escargots sur l’allée du jardin … Il les redessinait aussi  sur de petits carnet sans lignes, sur le sable des plages, sur des corps dénudés, sur des espaces de béton mais jamais, jamais, il n’en avait écrite une seule.

    À moi, il avait dit un jour ses difficultés d’apprentissage quand il était petit pour tenter de maîtriser la lecture et l’écriture, le refus absolu qu’il avait de suivre les chemins tout tracés que l’on voulait qu’il prenne, sa révolte face aux voies formatées dans lesquelles on voulait l’enfermer, ce qui l’avait conduit sans doute à sa dernière marotte  qui consistait à découper encore et encore de longues bandes étroites dans des articles de journaux. Des lignes et des lignes d’écriture qu’il triturait, désossait, dévissait, recollait,  puis découpait encore jusqu’à ce que le sens des lignes se délite, se désagrège, se dissolve, qu’il n’en reste qu’une trame vidée de sa substance.

    « Ne garder que l’essentiel me disait-il, une sorte de balbutiement, quelque chose qui veut se dire et qui n’y parvient pas. De toute façon me confiait-il encore, nous vivons à l’heure du SMS, du texto,  de la Smart édition. Les gens n’ont plus le temps de lire, de penser. Les journalistes n’ont plus le temps de développer leurs propres idées. Ils piquent celles des autres pour écrire leurs chroniques et nous n’avons plus droit qu’à un ramassis de brèves de comptoir, de twitts ou de micros-trottoirs. C’est le fast-food de l’info ! Alors moi j’ai inventé le fast-art.

    Mais c’est un peu plus subtil que ça quand même. Le truc vois-tu, c’est de détourner l’écriture pour que les gens se posent un peu et s’interrogent enfin devant ces espèces de messages codés  comme les archéologues l’ont fait devant la pierre de Rosette. Sortir du cadre pour y faire entrer le spectateur et allumer en lui la petite étincelle. Proposer le silence pour en tirer du sens, de l’illisible pour faire jaillir le questionnement. Tu imagines tous ces gens devant mes œuvres qui ont envie soudain de dire, d’écrire ce que je n’ai pas écrit, pas voulu dire, de remplir tous ces vides pour en faire une histoire, un poème que moi je n’ai pas su écrire ? Obliger des gens qui n’ont pas le temps de lire, qui passent leur temps à zapper en permanence d’un texte à l’autre, à tenter de lire un truc qui n’est pas écrit pour lui trouver du sens ! Une sacrée invention non ? »

    Une sacrée invention c’est vrai et alors que j’étais plongée dans  le déchiffrement de ces écrits perdus, il me souffla : « Même le titre il faudra qu’ils le cherchent parce que toutes mes œuvres sont Sans titre ».

     

     

    Je pars une semaine, je ne pourrai pas venir vous faire un petit coucou. À bientôt.

     

     


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  • Je tiens à préciser une nouvelle fois pour ceux qui auraient mal lu mes explications précédentes que les 5 textes liés à mon atelier d’écriture de samedi ne sont pas inspirés par des photographies mais par des œuvres contemporaines que je n’ai hélas pas eu le droit de photographier pour vous les montrer.

    Je vais donc essayer (désolée pour les gens pressés) de vous décrire cette deuxième œuvre. Imaginez une grande bâche blanche sur laquelle l’artiste (Patrick Meunier) a esquissé une forme que l’on peut supposer être un visage ou une tête de mort. À l’intérieur, il a donné des milliers de petits coups de feutre bleus, rouges , noirs, qu’il a recouverts par endroit de petits morceaux de papier de soie blancs, un peu comme des post-its, puis il a recouvert le tout d’un badigeon blanchâtre. Lorsque j'ai écrit le texte, j'ignorais le nom de l'auteur si bien que j'ai dit "elle" sans savoir que c'était un homme.

     

    L’atelier de l’artiste : texte 2 

     

    En pénétrant dans l’atelier de M, je ne pus m’empêcher de me demander où elle cachait son œuvre. C’était comme si elle tentait par mille et un artifices de vouloir nous prouver sa non existence, comme si elle voulait dire son refus de s’intégrer au monde, comme si elle cherchait en permanence à colmater des brèches, des failles, des vides, des manques, des absences, fuyant le vrai, masquant le faux, gommant jour après jour la moindre tentative d’affirmation de soi. Construire et déconstruire mais laisser malgré tout une trace même infime juste avant la mort annoncée.

    Ni de l’art éphémère, ni du land art, non, c’était autre chose. Et pour celui qui regardait  c’était très déstabilisant car on avait toujours envie de gratter la couche visible pour savoir ce qu’il y avait en dessous, de soulever un à un tous les post-its en espérant trouver le repentir qui expliquerait l’œuvre, de prendre une éponge pour enlever ce blanc sale qui les recouvrait toutes, de colorier tous ces tracés, d’ajouter de la lumière, du fluo, du bling bling, du bigarré, de l’exotique, du jaspé, du chiné, du diapré, du tigré, du moucheté, du truité, du moiré, du mordoré …

    Et elle, quand je l’ai vue quasiment immobile devant sa toile, toute vêtue de tulle blanc avec ce drôle de chapeau à voilette qui lui masquait le visage, j’ai eu envie de la secouer un peu pour voir s’envoler toute la brume dont elle s’entourait, de la désemballer de ce cocon de fils blancs pour voir enfin le papillon, de tirer sur la chevillette pour voir si la bobinette cherra.

    Peut-être fallait-il la chatouiller pour la faire sourire, la pincer pour la faire pleurer, lui faire avaler des pilules arc-en ciel ? Peut-être fallait-il lui raboter l’âme pour que la source affleure ? Mais non, malgré toutes mes tentatives, elle ne voulut me montrer que le masque qu’elle offrait en permanence à tous ceux qui osaient l’approcher, un masque sans vie, terne, inerte, tout comme ces compositions qu’elle s’obstinait à dessiner sans cesse sur ses grandes bâches blanches et qu’elle nommait invariablement « Masque 1, masque 2, masque 3, masque 4….. »

    Ce n’est que très longtemps plus tard que j’ai compris le message qu’elle essayait sans doute de nous transmette. Alors que j’avais eu une furieuse envie de la sortir de sa torpeur peut-être était-ce elle qui voulait me sortir de la mienne, m’ouvrir les yeux, me donner des ailes, me sortir de ma cage, me dire : « Ose, mais ose donc ! N’en as-tu pas assez de tous ces désirs contenus sur lesquels on a mis un énorme étouffoir. À trop tourner en rond dans ton bocal, tu vas tuer ta faim de vivre, la flamme qui ne demande qu’à embraser ton cœur, cette petite folie qui pourrait te rendre tellement plus joyeuse ! Tu as passé ta vie à te mettre des bâtons dans les roues, à te construire des obstacles. Ne penses-tu pas qu’il serait grand temps de faire ce qui te plaît même si ça ne plaît pas aux autres ? Ose, mais ose donc ! Je sais ce que tu as pensé de moi, je sais que tu m'as prise pour un fantôme mais si le fantôme c'était toi?»

     


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    Samedi 13 juin, je suis retournée aux Moulins Albigeois où les ateliers d’écriture ont repris. Comme je vous l’ai déjà expliqué, nous écrivons à partir d’œuvres très contemporaines qui nous laissent souvent perplexes. Pourtant, curieusement, elles stimulent vivement notre imaginaire parce que précisément elles nous interrogent fortement même si le plus souvent elles ne représentent rien.

    L’expo s’appelait "Mur Murs"  et à part le jeu de mots, je n’y ai pas compris grand-chose !

    La consigne de ce samedi était de choisir une œuvre, d’y placer un postit pour la désigner aux autres participants puis d’écrire pendant 15 minutes un texte en nous imaginant entrer dans l’atelier de l’artiste et de l’y voir en train de terminer son œuvre. Il fallait trouver un titre à l’œuvre puis, écrire de la même façon trois autres textes mais sur des œuvres choisies par d’autres élèves. C’était amusant de voir la diversité des idées engendrées par une même œuvre.

    Aujourd’hui, je vous livre le premier texte, puis les autres suivront. Je n’ai pas pu prendre de photos alors, pour la première œuvre, imaginez un papier Canson brun clair sur lequel l’artiste (Patrick Meunier) a peint grossièrement une échelle qui accède à une espèce de pelote de laine très embrouillée dessinée au crayon noir badigeonné de gouache blanche. Allez savoir pourquoi, cela m’a inspiré un atelier perché dans un arbre.

     

    L'atelier de l'artiste: 1

     

    La cabane dans les arbres

     

    Il avait construit son atelier dans un hêtre, un arbre énorme plusieurs fois centenaire et qui semblait flotter au milieu d’un grand pré en bordure d’un bois. C’était une cabane ronde, faite de planches et de cordages où se glissaient par endroit des sortes de capteurs solaires qui lançaient dans les airs des signaux lumineux.

    Elle était posée sur une plate-forme circulaire à laquelle on accédait par une méchante échelle de corde et de rondins mal équarris. Mieux valait avoir le pied marin et ne pas avoir le vertige. Tout en escaladant péniblement, rondin après rondin, je me demandais à quoi pouvait bien ressembler cet artiste sur lequel les médias savaient si peu de choses. Je pensais rencontrer un être hybride, moitié lutin vert, moitié Robin des Bois mais je m’étais trompé de conte. Il me reçut en habit de cérémonie : queue de pie, nœud papillon et chapeau claque et alors que je m'étais imaginé le trouver en pleine création, je m’aperçus bien vite que l’atelier n’était qu’un espace vide. Pas une toile, pas une esquisse, pas un collage, pas la moindre composition plastique à base de branchages, de feuilles ou de plumes d’oiseaux, pas de pinceaux, pas de palette, pas d’appareil photo, rien !

    Il était installé dans un immense fauteuil en train de boire un thé tandis que près de lui dormait en boule un énorme chat tigré. Avais-je découvert par hasard comment rejoindre le chapelier fou  d’Alice ? Il ne m’offrit pas de thé mais me montra bien dissimulé dans le feuillage de l’arbre une étrange sculpture qui me fit penser à un assemblage de Tinguely. Ainsi, il cachait ses œuvres dans les branches !  Mais il me détrompa vite en m’expliquant le plus sérieusement du monde  que cet engin servait à capter les ondes vagabondes qu’il renvoyait ensuite dans des endroits connus de lui seul pour colorier le monde là où régnait le froid du gris.

    J’ai longuement cherché en vain à retrouver les lieux dont il m’avait parlé pour percevoir ne serait-ce qu’une fois ses ondes vagabondes destinées à colorier les mondes gris et aujourd’hui, je me demande encore si je n’ai pas rêvé.

    Pourtant, un jour, un collectionneur de mes amis m’a montré un dessin : une échelle de corde qui grimpait dans le ciel et rejoignait un objet rond à l’identité mal définie. Peut-être un nid, un essaim de frelons, une pelote de ficelle, une cabane perchée sur un nuage ? Je suis resté un instant sans voix et quand j’ai voulu interroger mon ami sur l’origine de l’œuvre, il m’a juste souri en me disant « Chuuuuttt ». Je sentis alors un vent coulis d’air frais passer dans mes cheveux, peut-être une onde vagabonde captée là-bas, dans la cabane perchée au-milieu du grand hêtre pour donner des couleurs à mes pensées moroses.

    Je me penchai alors pour lire le nom de l’œuvre qui s’intitulait bizarrement : « Mes mots roses »

     


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  • Un autre texte écrit en atelier d'écriture avec la même contrainte que pour le texte précédent. Le thème de l'expo était les addictions diverses: médicaments, bruits parasites, réseaux sociaux, jeux ...

     

    Addiction

     

    -        -  Addiction !

    -        -  A dit quoi ?

    -       -  A dit… A dit…. Je ne sais plus ce qu’elle a dit, peut-être qu’elle a dit rien, ou peut-être pas grand-chose, un truc sans importance. Moi j’te dis qu’elle est limite c’te fille là. J’ai du mal à la suivre quand elle cause. Et même quand elle écrit, je ne comprends pas tout ! Pourtant j’t’assure, elle est têtue, elle s’obstine ! Elle m’envoie des lettres, des mails, des textos, des SMS et même parfois tiens-toi bien, des poèmes ! Si, si, j’te jure, des poèmes ! C’est vrai que question poésie, j’y connais pas grand-chose mais là, tu vois, ça m’fait quelqu’ chose ! Ça me traverse de partout et puis soudain pftt… ça se disperse, ça s’évapore, ça se dilue, tu vois l’genre ? Non ? Eh bien, je sais pas moi, c’est un peu comme quand tu passes ton thé avec une petite passoire et puis que dans la tasse, y a plus que de la flotte colorée et que toute la matière elle est restée dans la passoire. Tu peux toujours courir pour essayer de garder la trace de ce qu’elle a voulu dire. Je me demande parfois où elle planque ses idées. Rien que d’y penser, c’est grisant ! P’t’être qu’il faudrait la percer, la perforer, la marteau-piquer pour voir enfin ce qu’elle a dans le tréfonds du fond ? P’t’être aussi que ce sont toutes ces pilules qu’elle prend qui la rendent un peu floue, un peu bizarre, suspendue entre la tasse et la passoire. Faudrait la bouger un peu de son canapé, la secouer, la démonter, la remonter, vérifier tous les rouages comme si c’était une pendule. Oui, mais en même temps, une pendule, c’est sans mystère, c’est sans comment, c’est sans pourquoi. Ça fait que donner l’heure ! Alors que cette fille, elle a un truc et je crois bien que j’ l’aime et que je veux bien être le thé, la tasse, la passoire et la flotte. Je ne sais pas comment qu’elle fait mais tu vois, je pourrais en écrire des pages et encore des pages. Je ne m’en lasse pas ! Plus elle déraille, plus je l’écoute, plus elle écrit, plus je la lis et plus je me dis que ça n’aura jamais de fin. Je suis fou d’elle, une vraie addiction !

    -       - T’as dit quoi ?

     

    Addiction

    On pouvait entrer dans cette cage lumineuse et extrêmement sonore censée symboliser notre addiction aux bruits et aux futilités bling bling qui nous font oublier l'essentiel et la vraie couleur des choses.

     


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