• Devoirs de vacances: 1ère partie

    Même si c'est la rentrée, rêvons encore un peu

    Devoirs de vacances: 1ère partie

     

     

    Il y avait cette feuille tout au bout de la branche. Elle tremblait dans le vent, effrayée comme moi par l’automne qui venait à grands pas.

    La maison, d’ordinaire si calme, vibrait de cette agitation sereine qui précède toujours les grandes catastrophes. J’entendais coulisser les tiroirs des commodes, claquer les portes des armoires, s’ouvrir le couvercle des valises dans lesquelles allaient s’empiler nos vêtements d’été, des vêtements qui auraient très bien pu rester sur place puisque de toute façon ils seraient trop petits l’été prochain. Mais les grandes personnes, il faut toujours qu’elles s’agitent, qu’elles jouent celles qui savent, qu’elles donnent des ordres, qu’elles dirigent, qu’elles se rassurent en organisant leur détresse.

    «  Ah ! Comme je suis heureuse de retrouver Paris, disait ma mère. La campagne, ça finit par être lassant, vous ne trouvez pas ? J’ai presque fini. Plus qu’une valise à boucler et nous pourrons aller goûter sous le tilleul. Pour fêter notre départ j’ai acheté une belle tarte aux fraises et du jus de pomme mais il y a aussi de la confiture de myrtilles que nous a donnée la voisine. Le taxi vient nous chercher vers 18 heures »

            Et elle parlait, et elle parlait ! Mais moi je savais bien que c’était juste pour noyer son chagrin dans l’océan du nôtre, pour ne pas penser à la maison que nous allions laisser seule, que nous allions abandonner comme une grande carcasse vide au milieu du jardin.

    « Eh bien Alice, ne reste donc pas là à bâiller aux corneilles ! Toujours à rêvasser ma pauvre fille ! As-tu au moins rangé tes livres et ton cahier de devoirs de vacances ? Tu sais que papa voudra le voir en rentrant et gare à toi si tu n’as rien fait ! »

    C’était toujours la même histoire, il fallait que je me bouge ou que l’on me secoue ! La fenêtre était grande ouverte sur le jardin. La pluie avait cessé et un bel arc-en ciel soulevait un morceau de ciel bleu. Le soleil jouait  sur l’herbe mouillée et là-bas, près du grand mur,  notre chêne allumait dans les branches des guirlandes de lumières.

    Et s’il allait surgir une dernière fois ! Et si je pouvais encore revoir ses yeux de lynx et sa tignasse rousse ! Et s’il allait me faire cet ultime cadeau, son grand sourire entre les touffes de lierre qui surplombaient le mur ! Nous nous étions pourtant dit au revoir la veille, nous avions échangé nos adresses, des promesses aussi que j’avais prises pour des serments. Nous avions dessiné un grand cœur dans l’écorce du chêne et nous avions gravé nos trois initiales pour faire plaisir à Betty, mais j’espérais malgré tout le revoir une dernière fois.

    Matthieu, nous l’avions rencontré au début de l’été. Nous nous étions installées ce jour là tout au fond du jardin, à l’ombre du grand chêne. Maman m’avait demandé de commencer son cher cahier de devoirs de vacances et je butais comme toujours sur un problème de math. Betty jouait à la dînette. Elle avait assis ses poupées tout en rond sur de grosses pierres plates et elle leur préparait une bouillie infâme avec de l’eau croupie dans laquelle elle avait ajouté des glands, des feuilles de trèfle et des pétales de fleurs de pissenlit. Elle commentait chacun de ses gestes et tout comme son héroïne préférée, Mimi Cracra, elle glissait « Moi » dans toutes ses phrases.

    « Moi, je vous prépare une bonne soupe de légumes, vous allez vous régaler. Je sais bien faire la soupe moi, et aussi la purée. Et si vous êtes sages, moi, je vais vous faire de la glace à la fraise. »

    Et moi, j’étais perdue au milieu d’une plate-bande d’œillets qu’il fallait planter à intervalles réguliers avec un jardinier économe qui ne savait acheter ses plants qu’à la douzaine. Quand soudain, retentit au-dessus de nous une voix railleuse qui disait : «  Et moi, je suis sûr que la glace à la fraise serait bien meilleure avec de la crème chantilly ! Est-ce que je peux venir jouer avec vous ? » Sans attendre notre réponse un petit diable roux dégringola du mur et déclara bien fort : « Moi, je m’appelle Matthieu, toi tu es Betty et toi tu es Alice, bonjour ! »

     

    à suivre...


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  • Commentaires

    1
    Jeudi 5 Septembre 2013 à 22:23

    La rentrée n'a jamais empêché de rêver, j'attends la suite de l'histoire...

    Je viens de faire paraître une newletter, je ne comprends aps pourquoi tu ne les reçois pas, tu es bien inscrite dans ma liste??

     

    2
    Jeudi 5 Septembre 2013 à 23:29

    on attend la suite et on rêve aux vacances prochaines

    3
    Vendredi 6 Septembre 2013 à 00:37

    bonsoir, mon Aza
    les personnages et  les décors sont magnifiquement mis en place !
    on s'y croirait vraiment !
    vivement la suite !
    bonne soirée
    gros bisous d'amitié
    jean-marie

    4
    Vendredi 6 Septembre 2013 à 06:25

    Rêver ??? Mais oui encore et toujours,et ton histoire nous y invite.

    J'attends la suite avec impatience.

    Merci

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    5
    Vendredi 6 Septembre 2013 à 11:22

    ll faut toujours faire naître le bonheur et la fantaisie, même quand on vit avec des gens trop sérieux. A la longue ils finissent par se dérider et se prendre moins au sérieux. Ton texte le dit.

    6
    Samedi 7 Septembre 2013 à 17:49

    Je crois que j'ai posté sous le mauvais billet...

    Mais ce récit me plaît beaucoup.

    Passe une douce soirée.

    7
    mpolly
    Samedi 7 Septembre 2013 à 18:44

    Je suis sage, tout le monde est rentré sauf moi, alors j'attends la suite... mais comme une enfant gâtée, j'impatiente.

    Bisous

    8
    felix2
    Samedi 7 Septembre 2013 à 19:04

    quel style ! 

    ca me redonne l envie d'enregistrer !

    9
    Dimanche 8 Septembre 2013 à 11:52

    Je vous remercie vraiment à tous,

    Félix c'est trop gentil et c'est quand tu veux

    Cette petite fille nulle en maths c'est un peu moi. Mon père nous expédiait tous les ans chez ma grand-mère à la campagne dans le Tarn où je découvrais d'un coup la liberté. C'était un peu comme quand on ouvre la soupape de la cocotte minute mais il y avait ces satanés devoirs de vacances et surtout ces problèmes de maths auxquels je ne comprenais vraiment rien mais c'était tous les jours le  passage obligé avant de pouvoir aller courir dans les champs.

    Par chance j'avais un voisin très obligeant et comme j'étais la seule fille de la bande, il tenait vraiment à ce que je puisse venir avec eux et il m'expliquait avec beaucoup de gentillesse ce qui pour moi n'était que du chinois. Je suis restée nulle en maths mais je songe souvent à ces seuls souvenirs d'enfance heureux.

     

    10
    Felix bis
    Dimanche 8 Septembre 2013 à 17:57
    "ces seuls souvenirs d'enfance heureux"???
    C est vrai ?
    11
    Lundi 9 Septembre 2013 à 10:02

    Je vais prendre le temps de lire calmement pendant la semaine les deux épisodes, bonne respiration...

    12
    Dimanche 15 Septembre 2013 à 20:17

    oui Félix, les vacances chez ma grand-mère restent à jamais des souvenirs intenses et lumineux, des souvenirs de grande liberté

    13
    Mardi 17 Septembre 2013 à 09:01

    Bonjour Azalaïs. Il y a longtemps que je voulais venir te lire et j'ai bien du retard....

    Mais alors... Quelle découverte ! Je viens de lire ce début de texte avec un immense plaisir. Je l'ai dégusté comme on savoure le plus doux des bonbons... Un régal ! Sincèrement !

    Je file lire la suite....

    14
    Samedi 21 Septembre 2013 à 18:01

    Et " moi ", je prends ces devoirs de vacances en route, alors que je troisième épisode est déjà paru (et lu, honte à moi ...) !

    Ce devoir, tu l'as réussi sans aide ! Merci de partager avec nous ces chroniques d'un temps d'enfance.

    Bisous, Azalaïs.

    15
    Samedi 21 Septembre 2013 à 19:52

    coucou midolu, mais non, tu n'es pas en retard, les enfants viennent à peinr de reprendre l'école

    bises

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