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    Le  Mariage

     

    Comme beaucoup d’entre vous je suis occupée par ma petite famille mais je tenais malgré tout à vous parler une fois encore de « notre livre » et vous dire combien j’ai été émue de le tenir entre mes mains. Bien sûr, je connaissais déjà la plupart des textes mais les voir ainsi assemblés sous la forme d’un livre leur donne une tout autre réalité. J’ai surtout apprécié la façon fluide dont tous les textes s’enchaînent, le fait que chacun de nous apporte avec sa propre musique un éclairage nouveau aux différents épisodes de ce mariage ainsi que les petits dessins de Solizaan qui se promènent de page en page donnant au récit une lumière tellement particulière.

    J’ai eu l’impression d’une grande promenade qui nous emmène successivement du drame à la fable burlesque, du conte pour enfants à une pièce de boulevard quand les portes s’ouvrent sur de nouveaux personnages, les quiproquos, les bavardages autour d’un thé, derrière la haie d’un jardin anglais, mais parfois aussi dans un dessin animé comme Satanas et Diabolo où quand tout semble tourner rond, il y a toujours le méchant, le maladroit,  l’étourdi qui vient soudain tout remettre en question. Cela n'empêche ni la poésie, ni la tendresse qui surgissent soudain et vous émerveillent comme un pré où dansent les ombelles.

    Je suis heureuse et fière d’avoir participé à cet évènement qui marquera à jamais ce morceau de chemin de petits cailloux blancs, ronds et brillants comme des étoiles.

    Pour ceux qui hésitent encore et qui se contentent de dire dans les commentaires « bravo ou bonne chance », allez, ne restez donc pas sur le quai à regarder passer le train de l’espoir, embarquez-vous, achetez le livre, vous ne serez pas déçus. Faites partie de la grande communauté de ceux qui ont déjà dit oui, vous ferez une bonne action , vous en aurez des étincelles plein les yeux et tout plein de joie au cœur pendant longtemps, longtemps !

     

     


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  • Dernier texte pour clore l'atelier d'écriture. Après avoir écrit sur quatre "tableaux" (voir les quatre textes précédents) L'animatrice nous demande de nous improviser commissaire d'expo, de se choisir un lieu et d'inclure nos œuvres dans une expo en trouvant un lien entre elles.

    L’expo à Sarcelle

     

    C’était ma toute première expo et mon tout premier chèque. Lorsque Diégo m’avait dit qu’il était dans la panade et que son commissaire d’expo lui avait fait faux bond, j’avais saisi ma chance et m’étais proposé sans réfléchir. L’occasion était trop belle ! Diégo m’avait juste donné un lieu : la gare de Sarcelle et un thème : "L ’Ailleurs". Il m’avait confié que le lieu était sympa avec une forte concentration d’émigrés venus d’Afrique du Nord et  de Turquie avec des kebabs à tous les coins de rue.

    «  Pour les œuvres à exposer, je te donne carte blanche. Tu fouilles et tu fais à ton idée. Tiens, si ça peux t’aider, je te file une liste de noms et d’adresses, tu en connais peut-être certains. Mais attention, tu restes dans le flou, rien d’agressif et surtout pas d’images choquantes. C’est juste une expérience tu comprends. On fait profil bas, on s’intègre en douceur. Je ne veux pas d’embrouilles avec les locaux. Ils sont gentils mais susceptibles ! »

    Et c’est avec ces quelques consignes en tête que j’avais dû m’organiser. J’avais donc commencé par tâter le terrain en allant au kebab qui se trouvait en face de la gare. Le patron était Kurde et s’appelait Ajar. Il avait une carrure de rugbyman et ses bras arboraient de multiples tatouages dont  un Christ pantocrator qui me fit penser qu’il était de religion chaldéenne. Ajar était sympathique et plutôt bavard. Il  me confia que du fait de sa religion, l’intégration avait été facile mais qu’il souffrait encore malgré tout de la façon dont les élus locaux considéraient leur communauté.  Pour eux, tout ce qui venait d’ailleurs était considéré comme suspect, sale et malsain.  Tu vois bien, il n’y a pas un seul blanc dans mon kebab, comme si ma cuisine allait les empoisonner ! Pourtant, tu peux aller y faire un tour dans ma cuisine, elle est nickel et sans doute plus propre que la leur ! Et puis, tu as vu les rues, les trottoirs. C’est sale c’est vrai mais où sont les poubelles ? Les conteneurs sont éloignés d’au moins 800 mètres les uns des autres alors, les gens balancent leurs sacs sur les trottoirs et ça reste là pendant des jours ! »

             Cette phrase « Mais où sont les poubelles ? » m’occupa toute la nuit. Il fallait que je construise cette expo sur le thème de l’Ailleurs vu par les autres. Oui, c’est ça. Au centre du hall de gare, il demanderait à Johny Poubelle de lui arranger quelques installations très significatives pour interpeller ces élus locaux et rendre service à Ajar. Il se ferait un plaisir de créer le désordre et le questionnement. Peut-être même irait-il jusqu’à animer les trottoirs sous forme de clins d’œil. Et puis aussi il pourrait accrocher une toile de Patrick Meunier, celle avec des post-its partout qui dirait comment de plus en plus les gens se mettent des œillères pour ne pas voir ce qui les dérange, peut-être aussi pour signifier comment on veut guider notre pensée, notre regard, nous mettre en tête d’autres valeurs, nous obliger à adhérer à un objectif politique qui n’est pas le nôtre.

    Et pourquoi pas un tableau avec des lignes? On était bien dans une gare? Oui des lignes pour nous emmener vers un ailleurs où l’on peut voir avec ses yeux, sentir avec son âme, penser avec ses mots, des lignes de mots en ribambelles qui danseraient, feraient la ronde, mots perdus, retrouvés, des mots qui se défont, se déguisent, se dérobent et qui, même si on ne les comprend pas toujours, nous interpellent parce qu’ils sont la trace de notre humanité.

    C’est alors que je découvris dans la documentation de Diégo un article sur cet artiste qui vivait dans les arbres et que j’étais allé visiter un jour, celui qui, avec sa drôle de machine, captait les ondes vagabondes. Il faudrait le convaincre, mais s’il acceptait de venir dans la gare de Sarcelle, il en capterait un paquet d’ondes vagabondes. J’étais sûr que ça lui plairait à Ajar cette histoire d’ondes vagabondes, des ondes venues d’ailleurs, de l’au-delà des mers, peut-être de son pays où il avait laissé une partie des siens.

    Quand j’allais lui parler de mon projet pour voir ce qu’il en pensait, il eut un grand sourire et il alla dans son arrière boutique d’où il ressortit avec un tableau de son père, le seul qu’il avait pu emporter avec lui. « Mon père n’était qu’un amateur mais il savait croquer les gens et dire leur misère ». Il représentait un homme en pyjama, le dos voûté, appuyé à l’évier de sa cuisine, une cuisine blanche et entièrement vide. 

    « Tu vois dit-il, mon père a voulu montrer comment ça s’est passé quand nous avons dû fuir le génocide. Nous sommes partis en pleine nuit avec juste quelques biens, le strict minimum pour survivre en chemin. Et puis nos familles ont été dispersées, beaucoup sont morts et moi je suis là. Je n’ai plus aucune nouvelle d’eux mais si tu veux, je te prête le tableau pour ton expo. Tu leur expliqueras, moi je ne peux plus, c’est trop dur. »

    L’expo fut un succès. Depuis, la gare de Sarcelles est devenue un lieu très recherché pour un grand nombre d’artistes. Du coup les élus se sont un peu bougés et des conteneurs flambants neufs ont été ajoutés sur les trottoirs. Grâce aux amis influents de Diégo, Ajar a pu avoir des nouvelles d’une partie de sa famille. Ils vivent dans un camp de réfugiés en Irak où son père continue à dessiner pour oublier l’horreur de sa condition. Un reporter lui a rapporté quelques clichés qui vont être publiés et sans doute exposés dans une galerie.

     


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  • C'est le dernier texte sur l'atelier de l'artiste. Je n'ai toujours pas d'image à vous montrer. Le tableau sur lequel j'ai écrit, représentait un homme devant des conteneurs verts avec au pied des sacs poubelles.

     

    Johny poubelle

     

    Il s’appelait Giovanni Piétri mais il était surtout connu sous le pseudo de Johny Poubelle. Pénétrer dans son atelier, c’était comme entrer dans le ventre du sixième continent, cette zone gigantesque constituée de déchets flottants grande comme six fois la France, qui dérive lentement vers nos côtes, détruisant tout sur son passage, la flore mais aussi la faune, les oiseaux, les poissons, les tortues et qui un jour nous avalera tous. Des déchets non recyclés, jetés en vrac, s'amoncelaient sous une espèce de hangar illicite, construit à la va vite avec des matériaux divers qu’il allait récupérer pour la plupart dans ces énormes décharges à ciel ouvert qui surgissent comme des collines monstrueuses près de certains villages de Seine et Marne. « Quand Paris chie, disait-il avec son accent délicieux, il faut bien enfouir sa merde quelque part ! Mais là, tu vois, ça déborde un peu ! »

    Giovanni faisait partie de ce mouvement artistique italien appelé Arte Povera, mouvement qui consiste à défier l’art traditionnel et plus largement la société de consommation. Au début de ma visite, je n’ai pas vraiment compris ce qu’il faisait de cet empilement de décombres, de ce fatras hétéroclite, de ce ramassis d’ordures. Il n’y avait là  semblait-il, aucune tentative d’harmoniser quoi que ce soit, couleurs, textures, matières… Il y avait juste cet amoncellement qui m’obligeait inconsciemment à vouloir ranger, trier, organiser, à tenter de reconnaître tel ou tel objet qui dépassait de ce capharnaüm dont l’exubérance me submergeait. Et puis il y avait l’odeur qui vous sautait à la gorge et vous donnait l’envie de décamper au plus vite et aussi le tournoiement incessant de mouettes et de corbeaux querelleurs qui voulaient participer à l’orgie de notre défécation quotidienne.

    Je me considérais pourtant comme un privilégié car il vivait en marge  d’un monde qu’il considérait en voie de décomposition. Il était pour la décroissance et vivait dans des squats avec des gens qui se nourrissaient le plus souvent des surplus que les grandes surfaces jetaient tous les soirs aux ordures plutôt que de les partager avec les défavorisés.  Et puis, le voir sautiller comme un lutin   de tas en tas avec aisance et désinvolture avait quelque chose de fascinant. J’en étais tout de même à me demander ce que j’allais bien pouvoir écrire dans ma revue  quand tout à coup, je le vis se lancer dans une petite chorégraphie qui me fit penser à une danse Sioux, puis il me dit : « Tu viens, on va faire les poubelles ». Il me demanda alors de récupérer uniquement des « fringues » et de les mettre dans des sacs poubelles pendant que lui se chargeait de collecter des matériaux divers destinés à construire un abri. Au bout d’une heure, j’avais rempli trois grands sacs de vêtements qui allaient du vulgaire tee shirt de sport au manteau de fourrure porté puis jeté par des élégantes du 16 ème.   Ensuite, il m’invita à grimper dans sa vieille camionnette pourrie et c’est ainsi que nous débarquâmes sur une place touristique de Saint Germain des Prés. Là, sous les yeux ébahis des clients qui sirotaient leur savant cocktail à la terrasse du Flore, tout en tapotant sur leurs smartphones dernier cri, il me dit « Allez, vide ton sac », ce qui le fit beaucoup rire. Il  constitua rapidement  une petite montagne colorée à côté de laquelle il construisit une espèce de hutte ronde. Puis il alla dans un conteneur proche pour récupérer plusieurs sacs poubelles sur lesquelles il peignit des visages souriants, des bras des jambes et il les installa devant sa hutte et sa montagne pour simuler deux SDF devant leurs toiles de tentes. Enfin il écrivit sur un panneau : « Une petite pièce s’il vous plaît, j’ai faim et j’ai froid ».

    Curieusement ses œuvres éphémères destinées à rendre signifiants des objets insignifiants restaient en place quelques jours avant d’être à nouveau englouties par le camion poubelle. Il y avait même des passants qui se prenant au jeu, mettaient une petite pièce dans l’assiette ébréchée qu’il avait déposée près de ses deux personnages. Mais Giovanni se moquait bien du devenir de ses  œuvres. Ce qu’il aimait c’était l’itinérance, le questionnement, l’incertitude, le désordre, l’éphémère, le périssable, le renoncement à ce trop de confort qui se nourrit de la servitude de certains de nos frères et de la souffrance animale. .

    Et quand il me demanda si j’avais un titre pour son œuvre, je répondis en souriant : « Déchets te rient »

     

    Michelangelo Pistoletto

     


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    Lorsque Quichottine a lancé ce jeu d’écriture en février 2012 sur le blog  de la Petite Fabrique, je ne me doutais pas de l’ampleur qu’allait prendre cette aventure.  Le tableau qui servait de point de départ, m’avait emmenée à créer alors le personnage d’Augustine, une jeune fille timide et mal dans sa peau qui était la belle sœur de la mariée, une riche fermière normande dont elle était devenue l’objet de vexations multiples.

     

    IMG_1523

     

    Ce personnage était trop proche de moi et je n’ai pas continué à répondre aux autres consignes d’écriture car il remuait trop de souvenirs négatifs que j’avais sans doute envie d’oublier. Mais comment refuser l’invitation de Quichottine lorsque deux ans plus tard elle décide de donner vie à ces histoires multiples, à ces rencontres drôles, tendres, ubuesques, douloureuses parfois, à tous ces personnages hauts en couleurs , des enfants pas toujours innocents, des vieillards à la dent dure, une mouette coquine, une mouche qui voit tout, une jument poète, une fleuriste, un inspecteur maladroit, des colporteuses de ragots, une « wedding planeuse », l'inoubliable Tonton Marcel … et puis bien sûr, les mariés, Marie et Clément .

    C’est alors  que l’été dernier, alors que l’orage menaçait, une chatte noire plutôt sauvage que je nourrissais depuis longtemps m’a emmené une portée de chatons alors que je la croyais stérile et devant tant d’abandon et de confiance, j’ai décidé de l’intégrer à la noce sans savoir du tout où ce personnage  allait m'emmener.

     

     

    Aujourd’hui, ce qui n’était qu’un projet est devenu réalité avec la participation de 93 auteurs et illustrateurs qui ont tous cru avec beaucoup de générosité à la réalisation de ce roman un peu fou. La très belle couverture est l'œuvre de Solyzaan: un cœur dans lequel sont réunis à jamais les noms de tous les auteurs. 

     

    Rêve :

     

    Tout comme pour les précédents recueils,   L'atelier de Mijoty,  La Boîte à Rêves,  La Marguerite des possibles,   les droits d'auteurs sont reversés à l'Association Rêves, association qui permet la réalisation de rêves d’enfants malades. Vous trouverez un complément d’informations sur le blog des Anthologies éphémères  

    Le livre est vendu 15€ (hors frais d'envoi). Il est à présent disponible en ligne sur le site de TheBookEdition . N'hésitez pas à en commander plusieurs, faites vous plaisir et faites plaisir autour de vous. C'est un cadeau idéal pour les anniversaires de mariage! 

    Et puis surtout, diffusez largement l'information. Faites sonner les cloches bien fort, appelez au besoin en renfort les animaux de l’histoire : l’âne, le hibou, la corneille, la mouette, la mouche Bzzz afin de  générer des droits d’auteur et de réaliser de nombreux rêves. Les enfants comptent sur vous. 

    Merci

     

     


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