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    Maman, maman !

    La sauterelle !!

    Les fesses en haut

    Sur le pavot

    La tête en bas

    Dans le lilas

    Elle est ici

    Elle n’est plus là

    Hop là !!

     

     

    Maman, maman !

    La sauterelle !

    A la marelle des cent soucis

    Moi je l’envie la demoiselle

    Œil de velours

    Et bas de soie

    La revoilà

    Dans les dalhias

    Hop là !

     



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  • Amanite

     

    Coccinelle des bois

    Jolie bête à bon diable

    Perfide gourmandise


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  • La vie en rose

    La phrase complète est:

    "Tu lexomiles et après, tu ne rêves plus."

     

    Au mois de septembre j’ai participé à deux ateliers d’écriture au centre d’art Le LAIT à Albi.  Nous avons travaillé autour de l’exposition de Jeanne Susplugas et en particulier sur les addictions. Le texte qui suit répondait à trois consignes différentes :

    1-   Faire la liste de nos allergies

    2-  Inventer un médicament contre chacune de ces allergies. On pouvait inventer aussi une publicité, parler de la posologie, des effets secondaires, de la iatrogénèse

    3-  Raconter la journée d’une personne souffrant d’allergies multiples et usant ou abusant de ces allergènes

    Pour ma part j’ai conçu quatre allergènes que vous découvrirez en lisant mon histoire. Peut-être prendrez-vous plaisir à participer vous aussi à ce genre d’exercice.

    La journée avait bien commencé. Grâce à l’ANTIBROUILLAMINI, elle avait pu traverser cette zone de brouillard qui la déprimait tant en ce début d’hiver. C’était tellement triste ces grands rideaux de grisaille humide et molle qui gommaient soudain le bleu du ciel, le vert des arbres, la lumière du soleil, cette chaleur qui faisait chanter son dos, la peau de son visage, qui la rendait si vibrante, pleine de désir. Cette grisaille la faisait vaciller comme la flamme d’un cierge qui va s’éteindre. Mais depuis qu’elle avait découvert ANTIBROUILLAMINI, sa vie avait changé. Les gens qui l’entouraient s’étaient mis à ressembler à des sapins de Noël plein de bonté si bien qu’elle souriait à tout et dévorait les passants du regard comme si elle était redevenue enfant et qu’ils allaient lui offrir tout à coup sa Barbie préférée.

    Elle arriva au bureau heureuse et détendue mais, à la machine à café, elle aperçut Sandra, sa collègue hypocondriaque qui allait encore lui décrire par le menu toute la panoplie de ses maladies réelles ou imaginaires. Son pauvre corps était une véritable carte de géographie du mal à la topographie minée de dangers terrifiants. Impossible de l’éviter. Elle était en grande conversation avec Bernard qui pérorait au milieu d’un groupe d’aficionados du PSG. Visiblement ils avaient mal supporté la défaite de la veille et tout ce joli monde revivait amèrement les occasions ratées, les erreurs d’arbitrage, le manque d’intelligence du coach qui n’avait pas su utiliser les bons joueurs à la bonne place, la partialité des commentateurs sportifs qui n’y connaissaient rien et qui étaient surpayés pour ne raconter que des âneries. Les pauvres ! Quelle naïveté ! Ils n’avaient donc pas encore compris que tout cela était truqué d’avance et qu’ils n’étaient que de vulgaires pigeons tout justes bons à se faire plumer !

    Peu importe, ils n’allaient pas lui gâcher la journée. Elle fouilla dans son sac et prit à la fois deux gélules d’HYPOCONLAX et deux comprimés de BEINQUATARSISPORT. Elle n’était pas très sûre de pouvoir allier les deux médicaments mais là, c’était un cas d’urgence. Aux grands maux, les grands remèdes !

    Quand elle alluma son ordinateur, elle était dans un état d’apesanteur tout à fait agréable. Il lui sembla soudain que sa chaise était devenue la nacelle d’une énorme montgolfière jaunâtre et qui avait la forme de l’énorme bouton de fièvre que Sandra venait de se découvrir sous le nez. Elle survolait un immense terrain de foot désert dans lequel méditaient une poignée de moines bouddhistes. Quelle paix ! Soudain une pub s’afficha dans un coin de l’écran ! Mais pourquoi la vie était-elle devenue aussi compliquée ? Pourquoi ne pouvait-on pas lui laisser un peu de tranquillité ? Pourquoi le cours de ses pensées devait-il toujours être interrompu par ces désagréments de plus en plus intrusifs? Ce matraquage était tout à fait intolérable. Comment pouvait-on supporter cela sans rien dire ? Ouf, elle avait encore un tube de PUBLISMUTE. « Vivez plus cool, vivez plus zen ! Coupez la chique à la pub ! Réclamez PUBLISMUTE ! » Elle allait enfin pouvoir se mettre au travail.

    Mais bientôt surgit une nouvelle publicité. Celle-ci faisait la promotion d’un voyage insolite : «  Pour  Noël, venez passer quelques jours au bord du lac Impétigo en Pollakiurie Orientale, dépaysement assuré ! » Son esprit allait zapper mais cette pub avait quelque chose d’accrocheur, quelque chose qui répondait sans doute à un désir inconscient. Il y avait un diaporama qui montrait le lieu d’hébergement : une cabane en rondins tout confort absolument ravissante avec une vue imprenable sur le lac. En arrière plan, on devinait une zone boisée avec des pins et des bouleaux. Sur le toit de la cabane, un écureuil farceur semblait lui faire de l’œil.

    C’était vraiment tentant : plus de dinde à farcir, plus de bûche à tartiner, plus d’oignons à compoter, plus de cadeaux à emballer, plus de courses de dernière minute dans ces magasins surchauffés qui déversaient sans interruption des musiques obscènes… A côté d’elle, Sandra était en train de raconter ses mictions nocturnes qui l’empêchaient de dormir et son interminable mélopée se poursuivait par la découverte d’un magnétiseur aveyronnais qui était en train de rééquilibrer les vibrations de son oreille interne afin de guérir ses vertiges. Vite, encore un peu d’HYPOCONLAX. Elle se vit soudain au bord du lac dans sa petite cabane entourée d’arbres. Elle percevait le clapotement des vagues qui venaient lécher le sable de la plage, la musique du vent, le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles. Elle pourrait choisir sans contrainte l’emploi du temps de ses journées, emporter avec elle les livres qu’elle n’avait jamais trouvé le temps de lire, se mettre à l’écriture, au dessin, à la photo… Personne pour interrompre le cours de ses pensées, pas de coups de fil intempestifs pour lui vendre des panneaux solaires, de nouvelles chaînes de sport, des produits surgelés. Plus besoin de prendre le moindre médicament… Alors, dans un élan spontané du cœur et du corps, elle cliqua sur Ok, tapa les trois derniers chiffres du code de sa carte bancaire, prit son sac et partit.

    Personne ne sut jamais ce qu’elle était devenue. On la rechercha quelques temps. Ses collègues de bureau dirent dans un premier temps ce que les médias attendaient d’eux. « C’était une employée modèle, compétente, discrète, à l’écoute des autres, souriante, d’une humeur toujours égale. » Puis les langues se délièrent et l’on entendit bientôt un tout autre discours. « C’était une marginale, distante, hautaine, ne partageant pas les valeurs de l’entreprise. Elle avait toujours refusé de participer aux soirées mousse, un des grands moments pourtant de leurs week-end d’intégration. De plus elle n’était pas très futée, elle ne savait même pas qui était Zlatan Ibrahimovic ! Pas étonnant qu’elle ait disparu, à force de ne pas vouloir être comme tout le monde, elle était devenue incolore, inodore, transparente. Seule Sandra fut affectée par sa disparition d’autant plus qu’elle avait découvert dans les tiroirs de son bureau toute une pharmacopée insolite qu’elle s’appropria aussitôt découvrant avec retard qu’elles auraient pu partager leurs petites misères et peut-être devenir amies. 

     

    La vie en rose

      


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    Il y avait la table ou plutôt le pupitre avec un encrier de porcelaine blanche. Un élève passait tous les matins pour le remplir d’une encre bleue teintée de violet mauve. Je rêvais d’être cet enfant là mais pour cela, il fallait avoir les faveurs du maître.

    C’est pourquoi, je m’efforçais d’être extrêmement attentive pendant toute la séance d’écriture qui commençait toujours de la même façon. Tout d’abord, le maître expliquait au tableau dans les moindres détails, la façon de s’y prendre. Il fallait compter soigneusement les interlignes au-dessus et parfois au-dessous de la ligne porteuse. La règle était toujours la même : 3 interlignes au-dessus et deux au-dessous. Il montrait sur les lignes du tableau l’endroit où l’on devait obligatoirement commencer notre travail puis il traçait plusieurs fois la lettre à la craie. Parfois, il nous  demandait de  pointer notre doigt dans l’air et il fallait reproduire tous ensemble dans l’espace le tracé de la lettre afin de l’inscrire dans notre corps et dans notre mémoire.

    Ensuite, j’observais un moment le modèle tout rouge au début de la ligne, je positionnais bien comme il faut le buvard au-dessous, puis je trempais avec angoisse la plume dans l’encrier, prenant soin de transporter à chaque voyage la juste quantité de liquide. C’était un exercice difficile et périlleux. S’il n’y avait pas assez d’encre, on risquait d’être interrompu au mauvais endroit et le raccord serait visible. S’il y en avait trop, c’était la tache ou l’éclaboussure qui vous guettait.

    Enfin, la fête pouvait commencer et elle était complète lorsqu’il y avait des majuscules, surtout celles qui comportaient des boucles que l’on devait dessiner d’un seul geste, sans lever le porte-plume. Je retenais mon souffle et puis je me lançais comme on se jette à l’eau, sans penser à rien d’autre, concentrée sur le trait, les pleins et les déliés, appuyé d’un côté, léger dans le retour. Quels mystères se cachaient donc dans ces traces obscures, ces descentes qu’il fallait maîtriser avant de tourner court dans des entrelacs ventrus.

    Les lettres s’alignaient comme de vaillants petits soldats à la parade, hésitants au début, plus sûrs d’eux à la fin, heureux et fiers d’avoir vaincu ces fourbes parallèles.

    Cela aurait pu être un merveilleux instant contenu tout entier dans cette bulle de silence, avec juste le crissement léger de la plume effleurant le papier, le frottement furtif des  pieds sous les chaises, les soupirs de ceux qui avaient commis l’irréparable, le rayon de soleil qui s’invitait à la fête, le pas du maître dans les allées. Mais quand il s’approchait de moi, la bulle se rompait soudain et je n’entendais plus que le bruit de mon cœur qui bondissait dans ma poitrine. Allais-je enfin trouver grâce à ses yeux ? Aurais-je enfin le droit de distribuer l’encre le lendemain matin ?

     
     

     


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